L'Algérie compte officiellement 605 cas de sida confirmés et 1 365 séropositifs. «Le profil épidémiologique du sida en Algérie est très bas. Cependant, notre pays n'est pas à l'abri d'un dérapage si des mesures de prévention ne sont pas prises et renforcées.» C'est par ce constat ni apaisant ni vraiment alarmant que le Dr Kellou Kamel, directeur de la prévention au ministère de la Santé, a entamé son intervention hier au forum d'El Moudjahid consacré au sida en Algérie et dans le monde. Epaulé par d'éminents experts nationaux de cette pathologie qui sévit depuis plus de 20 ans à l'échelle de la planète, M.Kellou a donné les chiffres de la maladie depuis l'apparition du premier cas en Algérie en 1985. Intitulé «Etat des lieux: situation épidémiologique et réponses», au plan national et maghrébin, l'exposé de ce responsable de la prévention a confirmé les chiffres déjà connus et rendus publics. Selon lui, il y avait au 30 juin dernier, 605 cas de sida en Algérie et le nombre de séropositifs confirmés serait de 1 365 cas d'après les données fournies par le laboratoire officiel de référence. A la question de savoir s'il y avait une sous-estimation de la réalité, le conférencier a répondu qu'il fallait prendre en compte plusieurs paramètres. D'abord, il trouve que le dépistage de la maladie n'est effectué que chez les donneurs de sang et il s'agit désormais de se baser sur d'autres modes de dépistage. Ensuite, autre aspect remarqué ces dernières années, la transmission de la maladie se fait de plus en plus par la double voie sexuelle et locale, alors qu'auparavant c'était le fait de cas venus principalement d'Europe. D'où, les risques de multiplication des cas et, partant, la nécessité de la recherche d'une politique de prévention. Enfin, plusieurs indices observés confirment cette tendance. Il y a un nombre de plus en plus croissant de (69,4 % des cas) qui sont séropositives et la frange juvénile de la population en situation de marginalisation, et donc de vulnérabilité, est la plus touchée. C'est d'ailleurs, la région frontalière du sud du pays qui est la plus exposée à de grands risques en la matière même si, d'après le Dr Kellou, des plans nationaux de lutte contre ce fléau (à court et moyen termes) se sont succédé depuis 1985 et furent accompagnés par un certain nombre d'actions pratiques sur le terrain. Création d'un Comité national de lutte contre la maladie composé de spécialistes, mise en place d'un laboratoire national de référence sous tutelle de l'institut Pasteur d'Algérie situé à Sidi Fredj, création d'une Agence nationale du sang et d'un réseau de 4 centres de référence et de prise en charge des malades en 1999 et mise en place d'un site de séro-surveillance depuis 1998, sont, de l'avis du conférencier, autant d'outils de dépistage et de prévention de la maladie. Mais le plus significatif dans toutes ces mesures et actions reste incontestablement l'élaboration du plan stratégique national de lutte contre le sida 2004 - 2006 à la faveur duquel notre pays vient d'être éligible au Fonds mondial d'aide à la lutte contre le sida. Ce dernier vient tout juste d'accorder à l'Algérie un montant de pas moins de 9 millions de dollars étalés sur trois ans qui seront administrés par pas moins de 9 ministères dans le cadre de ce vaste plan opérationnel d'action contre une menace de santé publique et une urgence à long terme. Les autres interventions, à savoir celle du Dr.Rachid Bouakaz, «Contexte de l'engagement des Etats africains», du Pr. Amrane Achour, «Expérience de prise en charge antirétrovirale (ARV) en Algérie» et du Pr.Abdelmadjid Bouguermouh «Recherches et perspectives» ont donné des aperçus très techniques sur la lutte, les traitements et les possibles vaccins de cette pandémie qui s'est traduite jusqu'à présent par 40 millions de séropositifs dans le monde dont plus de 26 millions de cas rien qu'en Afrique.