Photo de «famille» du Sommet des Non-alignés à Téhéran En pointe sur (...) ces sujets, l'Iran qui va assurer la présidence du Mouvement des Non-Alignés pour trois ans n'a pas caché son ambition d'en faire un outil dans sa lutte pour un meilleur équilibre dans le monde. Le sommet des Non-alignés de Téhéran s'achevait hier soir après deux jours d'échanges parfois conflictuels sur la question nucléaire et la crise syrienne, qui ont éclipsé les efforts iraniens pour obtenir son soutien face aux Occidentaux. Les représentants des 120 pays membres devaient adopter en fin de journée un document réaffirmant sans surprise les positions traditionnelles de ce mouvement créé durant la Guerre froide en réaction à l'hégémonie des grandes puissances: non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, démocratisation du Conseil de sécurité de l'ONU, condamnation des sanctions unilatérales, soutien à la création d'un Etat palestinien ou désarmement nucléaire. En pointe sur tous ces sujets, l'Iran qui va assurer la présidence du Mouvement des Non-alignés pour trois ans n'a pas caché son ambition d'en faire un outil dans sa lutte pour une meilleur équilibre dans le monde. Bien que seuls une trentaine de chefs d'Etat ou de gouvernement aient fait le déplacement, Téhéran a présenté ce sommet comme une preuve de l'échec des efforts occidentaux pour l'isoler en raison de son programme nucléaire controversé. Mais le dossier nucléaire a malgré tout perturbé cette grand-messe. Répondant aux critiques du Guide suprême iranien Ali Khamenei contre la «dictature» du Conseil de sécurité de l'ONU qui a condamné et sanctionné l'Iran à plusieurs reprises, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a fermement demandé à Téhéran de respecter les résolutions du Conseil lui enjoignant notamment de cesser l'enrichissement d'uranium, au coeur des inquiétudes internationales. Faute de quoi une «spirale de violence» pourrait aboutir «rapidement» à un conflit militaire, a averti M.Ban, dénonçant les menaces israéliennes de frapper les sites nucléaires iraniens mais aussi la rhétorique belliqueuse «inacceptable» de l'Iran qui a menacé de détruire Israël s'il était attaqué. L'avertissement du chef de l'ONU a été renforcé par la publication simultanée jeudi d'un nouveau rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) relevant que l'Iran avait doublé récemment la capacité de son site d'enrichissement nucléaire souterrain de Fordo, le seul considéré comme à l'abri de frappes militaires. L'ayatollah Khamenei a toutefois réaffirmé que l'Iran ne cherchait pas à se doter de l'arme atomique et ne cèderait rien sur ses droits nucléaires. Le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi a rejeté de son côté hier les accusations de l'Aiea, qualifiées de «prétextes» pour justifier les sanctions contre l'Iran. Les Etats-Unis ont réagi en avertissant à nouveau Téhéran que le temps de la diplomatie pour résoudre le problème nucléaire iranien ne durerait pas «indéfiniment». La crise syrienne a également placé l'Iran sur la défensive lors du sommet, en illustrant l'isolement de Téhéran dans son soutien inconditionnel au gouvernement du président Bachar Al Assad. Le nouveau président islamiste égyptien Mohamed Morsi, pour sa première visite en Iran, a créé un incident en dénonçant «le régime oppressif» devenu «illégitime» selon lui en Syrie, ce qui a provoqué le départ de la délégation syrienne. L'ayatollah Khamenei n'en a pas moins réaffirmé hier le soutien iranien au régime de Damas, accusant à nouveau «l'Amérique et le régime sioniste» d'avoir provoqué la crise pour affaiblir le front des pays opposés à Israël.