Les autorités algériennes sont plus que jamais interpellées pour la ratification de la Convention internationale sur les disparitions forcées. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) a appelé, hier, les autorités algériennes à accélérer le processus de ratification de la Convention internationale sur les disparitions forcées. «On va lancer une pétition pour soutenir cette demande», a annoncé le président de la Laddh, Noureddine Benissaad, lors d'une conférence de presse à l'occasion du 29e anniversaire de la Journée internationale des personnes disparues, qui coïncide avec le 30 août. Cette revendication n'est cependant pas portée uniquement par la Laddh, car d'autres organisations de la société civile la soutiennent. Même la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'homme (Cncppdh), rattachée à la Présidence de la République, demande la ratification de cette Convention. «Oui, la Commission demande sans hésitation la ratification de cette Convention ainsi que toutes les Conventions de protection des droits de l'homme», nous a déclaré, hier au téléphone le président de la Cncppdh, Farouk Ksentini. Ce dernier considère que cette ratification est «nécessaire», ajoutant qu' «on y arrivera sous peu». L'association SOS disparus fait, elle aussi, de cette revendication, à côté de l'exigence de la vérité et de la justice, l'une des raisons de son existence. Pour réitérer cette demande, cette association a organisé, avant-hier, un rassemblement à Alger auquel des dizaines de familles de disparus et des militants des droits de l'homme ont participé. Pour revenir à la conférence de presse de la Laddh, il convient de souligner que Me Benissaad a demandé, en outre, la mise en place d'une commission juridique pour entamer un processus de vérité et de justice à même de dépasser ce problème et de «lancer l'Algérie dans un véritable processus démocratique». Il demande aussi un débat ouvert sur la question. «Après 20 ans, les Algériens sont prêts à regarder la vérité en face. Ce n'est pas pour remuer les blessures mais il n'y a que le dialogue qui peut apporter une solution au problème», a indiqué le conférencier. Ce dernier, qui plaide pour une justice symbolique assurant la réparation individuelle et collective, insiste sur deux principes: vérité et justice «transitionnelle et réparatrice» et non «punitive». «Qu'on demande pardon aux familles et aux victimes. Il faut que les familles des disparus aient ce sentiment de justice. C'est une manière de reconnaître le statut de disparus aux victimes», a-t-il dit. Pour le vice-président de la Laddh, Kamel Daoud, il s'agit d'«opposer la vérité et la justice à la tentative de l'amnésie et de l'oubli qui servent à préserver l'impunité». Pour lui, le dossier des disparus est loin d'être clos. Il explique que ce problème a ceci de spécifique, qu'il constitue un cas en suspens: on ne peut pas dire qu'un disparu est mort. Il argue: «Pour les mères des disparus, leurs fils sont vivants jusqu'à preuve du contraire et elles veulent la vérité et la justice». Ainsi, le débat sur les disparitions forcées durant la tragédie nationale en Algérie suscite un débat aussi passionnant que blessant et que les indemnisations des familles des victimes ne semblent pas en capacité de clore. En attendant de faire le deuil, le calvaire des familles des disparus perdure. Jusqu'à quand? Toute la question est là.