«Nous allons demander un délai suffisant pour réunir les pièces justificatives qu'il faut.» Les regards seront braqués demain sur le tribunal de Sidi M'hamed. La chambre administrative de la cour d'Alger examinera ce jour, pour la deuxième fois, la plainte déposée par les redresseurs pour l'invalidation du 8e congrès. Dans la logique de la procédure, l'affaire sera renvoyée une nouvelle fois afin que la direction légaliste du FLN puisse réunir ses arguments. Le délai que va accorder le président de la cour au FLN constituera certainement le point nodal de ce procès. Car il ne faut pas perdre de vue que le mouvement de redressement, la partie plaignante, s'apprête à organiser son «congrès de réunificateur» au courant de ce mois de décembre. Ce qui fait dire à certains militants fidèles à Benflis que l'affaire sera liquidée avant la fin du mois de décembre. Autant ce deuxième renvoi est rapproché autant il sera à l'avantage des détracteurs de Benflis. Ceci n'est pas l'avis de M.Sallat, membre du bureau politique, qui indique que son parti prendra le temps qui lui est réservé par la loi pour réunir ses arguments: «Nous allons demander un délai suffisant pour réunir les pièces justificatives qu'il faut, car nous avons des arguments solides à faire valoir.» «Habituellement, la chambre administrative accorde des délais de plusieurs semaines», a-t-il ajouté. La chambre administrative de la cour d'Alger a renvoyé, le 12 novembre, le procès de la plainte déposée par les redresseurs pour invalider le 8e congrès. L'audience qui n'a pas duré plus d'une dizaine de minutes sera donc examinée demain. En filigrane, les redresseurs semblent totalement abandonner l'option de la bataille juridique qui n'a pas porté les fruits escomptés. Pourtant au commencement, toute la stratégie du cercle de M.Belkhadem était bâtie sur l'invalidation du 8e congrès. D'abord par le biais du ministère de l'Intérieur ensuite par l'instrumentalisation flagrante de la justice. «La démarche est longue pour un coup d'Etat dans un parti réputé être rapide dans ce genre de pratique», a commenté un ex-militant du vieux parti. En revanche, depuis que le Conseil d'Etat a entériné, le 18 octobre dernier, l'incompétence des instances judiciaires à statuer sur le fonctionnement et l'organisation des partis, le FLN mise sur la bataille juridique. «Si j'avais trouvé une seule raison valable pour destituer Ali Benflis, je n'aurais pas hésité un instant», a déclaré dernièrement Abder-rahmane Belayat, membre du comité central et sénateur du tiers présidentiel, et d'ajouter: «Nous avons donné suffisamment de prérogatives et de moyens à notre secrétaire général pour qu'il ne cède pas au chantage». Accusé franchement par M.Benflis, son bureau politique et les membres du comité central d'être derrière le complot de déstabilisation, le chef de l'Etat s'est prononcé à demi-mot sur cette crise. Le président de la République a précisé, lors de l'entretien qu'il a accordé au confrère L'écho d'Oran, que les derniers succès du parti ne sont pas le fait de l'équipe dirigeante, mais de ceux qui «ont consacré leur vie à militer dans ses rangs» et envers qui le parti a le devoir «d'ouverture et de tolérance au même titre que la jeune génération». Une façon de signifier qu'il est sur la même longueur d'ondes que ceux qui ont dénoncé l'exclusion lors du dernier congrès pour justifier l'existence du mouvement de redressement du FLN.