Le conseil consultatif, réuni à Zéralda, a entériné les sanctions prises contre les frondeurs. Abdallah Djaballah vient de gagner une autre bataille face au groupe des 5+2. Mercredi soir, à 19h 30, la chambre administrative près le tribunal de Sidi M'hamed a déclaré son incompétence dans l'affaire qui oppose les deux parties antagonistes. Une plainte en référé avait été déposée, notons-le, le même jour par les contestataires, pour interdire la réunion du conseil consultatif extraordinaire prévue pour le jeudi. La requête déposée par les avocats du groupe - qui se trouvent être les mêmes ayant plaidé pour les redresseurs du FLN- porte aussi sur le report de la date du congrès, fixée pour le 29 décembre et le gel des comptes du parti. «Les arguments apportés par les contestataires ont été battus en brèche par la juge du tribunal», précise M.Lakhder Benkhellaf, secrétaire national chargé de l'organique, «cela prouve le non-fondé de leur démarche», ajoute-t-il. Mais du côté des contestataires, on a eu droit à un autre son de cloche . Pour M.Boulahia, le président du conseil consultatif, la décision de la chambre administrative ne concerne que la réunion du jeudi. La tenue du congrès et le gel des comptes «font partie d'une deuxième affaire qui sera traitée le 21 décembre par la même chambre», précise notre interlocuteur. Le verdict prononcé mercredi soir par la chambre administrative nous renvoie paradoxalement au procès du FLN. Une comparaison rejetée par les pro- Djaballah. «Il n'y a aucun point de comparaison entre les deux crises», insiste M.Abdelghafour Saâdi, vice-président du mouvement El Islah qui ajoute que «les redresseurs avaient applaudi M.Benflis au cours du 8e congrès». Dans un autre chapitre, le conseil consultatif réuni en session extraordinaire, jeudi à Zeralda, a entériné les sanctions prises contre les contestataires, le 18 novembre. «Ces derniers seront présentés dans les délais les plus proches devant le conseil de discipline, avant leur exclusion définitive du parti», précise M.Abdelghafour Saâdi. Cinq autres cadres seront traduits devant ce conseil, il s'agit notamment de MM.Hassen Laribi, Makhlouf Mokhtar, Mohamed Benbekhma, et Belazouz, lesquels se sont joints aux contestataires dans la plainte déposée contre M. Abdallah Djaballah. Le conseil consultatif a prononcé aussi le retrait de confiance aux présidents du groupe parlementaire, M.Miloud Kadri et au membre de la commission de l'Habitat à l'APN, M.Benbekhma. Contacté par nos soins, M.Kadri s'est dit non concerné par «ces décisions». «Seuls les députés sont habilités à prendre une telle mesure si on se réfère au règlement intérieur du parti». Les contestataires campent donc sur leurs positions et insistent sur le report du congrès. Ils comptent dans ce sens beaucoup sur la plainte qui s'avère être leur dernier joker. De son côté, le chef du parti, Abdallah Djaballah, est revenu longuement sur la crise au sein du mouvement dans son discours d'ouverture de la session extraordinaire du conseil consultatif. «Je n'ai jamais fermé les portes du dialogue», insiste-t-il. Preuve en est, «nous avons rencontré les contestataires six fois en l'espace de vingt jours pour essayer de calmer les esprits, en vain». «Pis, ces derniers ont décidé de recourir à la justice. A présent, dit-il, le divorce est consommé, je vous demande d'assumer votre entière responsabilité devant cette situation», s'est-il adressé à l'assistance. Djaballah rejette dans le fond «les accusations» des frondeurs, surtout celles ayant trait à la gestion politique et financière des affaires du parti. Preuve à l'appui , il exhibe devant les journalistes le bilan financier annuel du parti. «S'il y a des trous dans le fonctionnement du budget, qu'on le prouve», lance-t-il. Sur cette question, nous apprenons que la Banque d'Algérie a décidé de lever le gel sur le comptes du parti, appliqué depuis le 23 novembre. «Ce qui constitue une autre victoire pour le parti», précise notre source. Les choses semblent s'accélérer dans la maison d'El Islah à deux semaines de la tenue du 1er congrès. Djaballah sera-t-il en mesure de relever le défi ? La contestation fera-t-elle tache d'huile? La décision très attendue de la chambre administrative, le 21 du mois en cours, tranchera, à coup sûr, l'avenir du mouvement de dissidence au sein de cette formation islamiste. En attendant cette date, les congrès de wilaya qui ont débuté ce week-end à Boumerdès et Blida, se poursuivront la semaine prochaine. Jeudi encore, la commission nationale de préparation des assises s'est réunie pour faire le point de la situation. En somme, le président du parti est déterminé à maintenir la date du congrès. Un dossier à suivre.