La direction nationale du parti de Ali Benflis a préparé une grande offensive contre les “redresseurs”. La chambre administrative de la cour d'Alger a décidé de reporter le procès qui oppose le FLN au mouvement de “redressement” à samedi prochain. Le parti de Ali Benflis, qui estime que les délais qui lui sont accordés sont insuffisants pour préparer une bonne défense, peaufine son argumentaire et tente de réunir les preuves susceptibles de le rétablir dans ses droits. En dépit de beaucoup de contraintes d'ordre matériel, le FLN met en place un dispositif de défense qu'il présentera à la chambre administrative le jour “j”. Ainsi, au plan du droit, un membre du bureau politique en charge de ce dossier estime d'emblée que, dans pareil cas, “la loi ne donne qualité qu'au ministère de l'Intérieur d'intervenir dans les affaires internes des partis politiques et ce, que dans certains cas seulement”. Cet argument est appuyé, selon notre interlocuteur qui affirme que les plaignants n'ont pas qualité, par la décision du Conseil d'Etat du 18 octobre dernier qui a confirmé l'incompétence des juridictions administratives dans le traitement des litiges de ce genre. Dans le même sens, il est écrit dans l'article 152 de la Constitution que le conseil en question veille sur la régulation et l'uniformité des lois sur tout le territoire national. Ce qui veut dire que, par conséquent, la cour d'Alger est automatiquement liée par la récente décision de la plus haute juridiction. Par ailleurs, le responsable du FLN souligne que la chambre administrative ne doit pas juger, à partir du moment qu'il y a des plaintes qui ont été déposées par la direction nationale contre les “redresseurs” devant le juge pénal au tribunal de Bir-Mourad-Raïs pour “usurpation de qualité et faux”. Tant que cette instance n'a pas encore statué sur cette affaire, la chambre administrative ne peut la juger. Cela sur le plan du droit. Quant au fond, indique notre interlocuteur, “nous avons des documents qui prouvent que les allégations des plaignants sont infondées, tant celles portant sur la préparation du VIIIe congrès du parti que celles liées au déroulement de ses travaux”. “Nous produisons, dira ce responsable du parti, toutes les preuves que la direction politique, issue du VIIe congrès, a été associée à toutes les étapes de préparation du suivant, puisque ce sont les membres de l'ancien comité central et ceux du bureau politique qui avaient supervisé toutes les opérations de l'élection des congressistes, au niveau de chaque mouhafadha”. Amar Tou avait lui-même préparé le VIIIe congrès. Des documents existent. Amar Tou qui s'acharne, aujourd'hui, contre la direction du FLN, avait lui-même dirigé l'opération au niveau de la wilaya de Médéa. Et c'est bien lui qui avait donné l'aval quant à la liste des délégués au congrès, laquelle liste porte d'ailleurs sa propre signature. Un autre député du parti, qui se trouve aujourd'hui parmi les “redresseurs”, Mohamed Laoufi, avait fait de même. De nombreux “redresseurs”, indique notre source, siégeaient à la commission de préparation du VIIIe congrès. Ils ont été désignés publiquement en présence de tous les journalistes de la presse nationale, précise la même source. Et d'ajouter : “Ce sont eux qui ont élaboré les projets de textes de ce rendez-vous important dans la vie du parti.” Pour étayer la défense du FLN de Ali Benflis devant la chambre administrative de la cour d'Alger, ce responsable indique qu'un procès-verbal, établi par l'huissier de justice, est là pour démonter toutes les contrevérités que les partisans du Président avancent. Le PV retrace la transparence de la totalité des travaux du congrès. Ils avaient bien écouté l'hymne national à la fin des travaux, alors que ce n'était pas le cas à l'issue du VIIe congrès qui s'était terminé dans la confusion. Le document du huissier de justice, explique notre interlocuteur, ne recèle “aucune trace d'une quelconque contestation de la part de ces gens-là”. La cassette vidéo est là, selon lui, pour l'attester. “Nous présenterons à la chambre toutes les minutes du congrès, cinq heures en tout, y compris le discours de Abdelaziz Belkhadem qui ne tarissait pas d'éloges à l'égard de Ali Benflis”. Le ministre des Affaires étrangères avait alors félicité Ali Benflis pour avoir mené avec succès l'opération de rajeunissement du parti. “Nous avons tous les textes prouvant que les principes démocratiques ont été bel et bien respectés”, ajoutera ce membre de la direction nationale du FLN. Concernant les listes présentées par le ministère de l'Intérieur, notre source tient à affirmer que “ces listes de personnes qui prétendent contester la régularité des travaux ne sont que de simples listes qui pourraient bien correspondre à des pétitions de réclamation d'ordre social”. Ces documents du département de Nourreddine Yazid Zerhouni ne sont pas, dans leur grande majorité, authentifiés. Les listes ne portent ni l'identité ni la qualité du militant. Elles peuvent, selon lui, être faites “par n'importe qui”. Elles sont, dira-t-il encore, “sans aucune valeur probante ni valeur juridique. Ajoutez à cela le fait que la contestation des travaux du congrès ne pouvait se faire que par les congressistes”. Notre source révèle, par ailleurs, que certaines des signatures reconnues appartiennent à des députés qui étaient, pourtant, parmi les signataires d'une motion de soutien à Ali Benflis juste après la tenue du VIIIe congrès. “Les preuves existent”, persiste notre interlocuteur, qui revient sur l'insuffisance du temps qui a été imparti au FLN pour préparer sa défense. “Il est très difficile de réunir tous les documents nécessaires”, affirme-t-il avant de souligner que si la chambre administrative répondait favorablement aux demandes des “redresseurs”, elle serait alors à l'origine d'un véritable problème juridique dans le pays : “Sa décision ira à l'encontre de la décision de la plus haute juridiction nationale, à savoir le Conseil d'Etat qui a décidé de l'incompétence des juridictions administratives dans le traitement de ce genre d'affaires.” Mais ceci étant, même si cela arrivait, on reviendrait à la situation d'avant le VIIIe congrès, et Ali Benflis sera toujours secrétaire général du FLN, avec, à ses côtés, la majorité des membres du comité central actuel, et ceux du bureau politique. D'où l'illégalité de la tenue d'un éventuel congrès des “redresseurs” comme le stipulent même les anciens statuts du parti. S. R.