Jusque-là, la chambre administrative s'en est lavé les mains dans une affaire où se joue la crédibilité même de la justice algérienne. A l'exception d'un autre rebondissement spectaculaire, le rendez-vous, qui regroupera, le 19 décembre, redresseurs et direction légaliste du FLN, donnera plus de visibilité sur l'évolution du contentieux judiciaire qui les oppose. L'issue du procès n'est pas pour après-demain, puisque le verdict ne sera pas rendu samedi. En revanche, trois scénarios sont possibles pour l'audience qui se déroulera au tribunal de Sidi M'hamed. Le premier consistera en un autre renvoi pour accorder un délai aux nouveaux intervenants dans le procès. Ce énième renvoi leur permettra de prendre connaissance du dossier pour pouvoir déposer leurs conclusions. D'anciens membres du comité central, des ministres et des militants de la première heure ont intenté une action en justice pour intervenir dans le procès. Ils ont constitué un collectif d'avocats dirigé par MM.Brahimi et Berghel. La plainte des redresseurs n'était pas dirigée contre le FLN mais «contre le secrétaire général du parti et les irrégularités qui ont été constatées lors du déroulement du 8e congrès». C'est la raison qui a motivé certaines personnalitée «à user de leur droit» en ce sens que le déroulement et la préparation du 8e congrès les concernent. On retrouve, notamment, MM.Abada, Djeghaba et Abdelkader Bounekraf, ancien ministre de l'Habitat, et il est fort probable que l'ancien secrétaire général du vieux parti, Abdelhak Benhamouda, se joigne à ces personnalités. «C'est une éventualité, même si Benflis ne l'a pas encore sollicité», indique-t-on au niveau de la direction du FLN. Le deuxième scénario pourra porter sur un autre report. En effet, il est possible que les redresseurs demandent un délai pour prendre connaissance des pièces fournies par la direction légaliste. Une éventualité très peu probable si on part du principe que «le mouvement de redressement» a hâte d'en finir avec «ce procès qui s'étale dans la durée» pour se consacrer entièrement au «congrès réunificateur». Cependant, cet avis ne fait pas l'unanimité au sein des redresseurs. A moins qu'il s'agisse d'une volonté de fourvoiement, la fissure séparant Abdelkader Hadjar et Abdelaziz Belkhadem est discernable sans efforts. L'un, M.Belkhadem, soutient que le procès n'a rien à voir avec le mouvement, et l'autre, M.Hadjar, subordonne la tenue du congrès à l'issue du procès quelle qu'elle soit. Le troisième et dernier scénario, qui dépend évidemment des deux premiers, sera l'annonce de la date des plaidoiries. Le verdict qui sera rendu lors de ce procès semble tellement déterminant pour la suite des événements que chacune des parties retient son souffle avant le dénouement. Annoncé pour le 9 décembre, le procès a été reporté au 16 du même mois. Ainsi, la chambre administrative s'en lave les mains en accordant ce délai à la direction légaliste du FLN.