La chambre administrative près le tribunal de Sidi M'hamed a renvoyé au 28 décembre cette délicate affaire. La première audience ayant eu lieu, hier après-midi, n'a duré que dix minutes, mais a permis de dévoiler au grand jour la stratégie des contestataires qui voulaient tout simplement impliquer le wali d'Alger et le ministère de l'Intérieur dans ce procès. En effet, ces deux administrations ont été citées, hier, comme partie civile à la lecture de la requête déposée par M.Boulahia, chef de file des redresseurs, le 7 décembre dernier. Des notifications leur ont été même adressées par l'huissier de justice. Et pourtant, preuve à l'appui, les avocats de Djaballah insistent sur le fait que ces deux administrations ne se sont jamais mêlées ni de près ni de loin à cette guerre feutrée que se livrent les deux parties antagonistes au sein du parti. Pis, dans ladite requête qu'ils ont présentée hier à la presse, il n'est pas fait allusion ni de manière implicite ni de manière explicite, à ces deux administrations. Que s'est-il réellement passé? Et qui a pu introduire ses changements? Les avocats des redresseurs se sont montrés très peu prolixes sur ces questions. Quant à M.Amer Khababa, qui défend le dossier de Djaballah, il dit «ignorer les détails de ce changement introduit à la dernière minute». «Nous allons exiger des explications lors de la prochaine audience», précise-t-il. Pour M.Lakhdar Benkhellaf, secrétaire national chargé de l'organique, «les redresseurs ont recouru à cette manoeuvre, sachant pertinemment que la chambre administrative n'est pas habilitée à trancher les conflits internes qui rongent les partis politiques. Elle a d'ailleurs confirmé cela, le 18 novembre, en déclarant son incompétence dans la plainte ayant trait au report du conseil consultatif». Une neutralité défendue, notons-le, dans les articles 36 et 37 de la loi sur les partis politiques, lesquels stipulent que seul le ministère de l'Intérieur est habilité à recourir à la justice dans une affaire l'opposant à un parti politique, chose qui s'est produite, à titre d'exemple, dans le procès du FLN. Les crises internes sont normalement gérées au sein des instances du parti, ce qui est écarté dans ce cas précis, sachant que les divergences ont atteint leur paroxysme dans la maison El Islah, surtout après l'exclusion des douze cadres dissidents. Toujours selon notre interlocuteur, le département de Zerhouni a rassuré Djaballah de sa neutralité. «Nous sommes en contact permanent avec le ministère de l'Intérieur», tient-il à préciser. Le procès d'El Islah sera-t-il un remake à la crise du FLN? «Il ne faut pas comparer l'incomparable», une déclaration qui émane de Me Mahfoud Lachaâb, avocat des dissidents, mais aussi celui des redresseurs du FLN. Un avis partagé par M.Khababa qui précise que dans cette affaire, «les plaignants jugent les intentions et non pas les faits». Par ailleurs, le report a été justifié par l'absence des six membres du bureau national, lesquels n'ont pas reçu de notifications. L'huissier de justice a convoqué uniquement le président du parti. «C'est une plainte contre Djaballah?» s'interroge la juge. M.La chaâb précise que le président du parti était censé informer ses cadres. «Djaballah n'est pas le secrétaire du parti», réplique M.Benyoucef, avant de prononcer la décision du report. Une affaire qui ne semble pas encore avoir dévoilé tous ses secrets.