«Le combat pour la vérité, la justice et la mémoire concerne tous les Algériens et Algériennes.» Quatre associations formant la coalition des familles des victimes du terrorisme, ont rendu hier, un vibrant hommage au défunt Ali Merabet, président de l'association Soumoud, ainsi qu'à Nassira Dutour, porte-parole du Collectif des familles des disparus en Algérie (Cdfa), au siège de la Laddh à Alger. L'association des familles des disparus (Anfd), présidée par Lila Ighil, l'association Djazaïrouna de Chérifa Kheddar et l'association Soumoud du défunt Ali Merabet, décédé à l'âge de 48 ans, représenté par son frère Karim Merabet et Maître Adlène Bouchaïb, ont successivement pris la parole pour rappeler le devoir de mémoire envers des milliers d'Algériens innocents disparus. «Le combat pour la vérité, la justice et la mémoire des disparus, concerne tous les Algériens et Algériennes épris des valeurs humaines», a-t-on indiqué, en présence de Maître Nourredine Benissad, président de la Laddh, et de nombreux représentants et représentantes des familles des disparus en Algérie. Répondant à la question sur le nombre des disparus en Algérie, les conférenciers ont eu du mal à avancer leur nombre exact estimé à 10.000 personnes pour les uns et à 6447 selon Me Farouk K'sentini, président de la Cncppdh. Aussi, les présidentes des associations des familles des disparus, ont insisté davantage sur la nécessité de rétablir la vérité d'abord, à commencer par situer les responsabilités à tous les niveaux. «Il n'est pas normal que l'on refuse aux victimes du terrorisme, l'ouverture du dossier des milliers de personnes qui sont enterrées dans des charniers, 20 ans après la Tragédie nationale», regrette-t-on. Très claire dans son analyse, Lila Ighil, présidente de l'association Anfd, a appelé à la transmission du flambeau de la vérité aux générations futures pour continuer le combat de la vérité et de la justice. «Il faut commencer par l'expression de la volonté politique d'abord, avant toutes les déclarations chiffrées. Ce n'est qu'après la connaissance de la vérité et de la réalité des faits, que le nombre des victimes sera élucidé», dit-elle. «Le problème des disparitions forcées est une affaire qui concerne tous les Algériens, pas seulement le mouvement associatif activant dans ce sens, et qui ne possède même pas les agréments nécessaires pour l'approfondissement de leurs actions et activités», a-t-elle ajouté. De son côté, Cherifa Kheddar, présidente de l'association Djazaïrouna a insisté sur l'importance d'unir les efforts, afin de lever le voile sur la question des disparus qui reste encore, un sujet tabou en Algérie. Conscient de l'importance et de l'apport de l'audiovisuel en matière de vulgarisation de l'information, un appel a été lancé aux cinéastes pour la réalisation d'un film sur les disparus. Par ailleurs, un premier film a été déjà enregistré par le défunt Ali Merabet, président de l'association Soumoud, quelque temps avant sa disparition, a révélé son frère Karim Merabet, qui affirmera «ne jamais accepter le pardon avant de connaître toute la vérité sur les disparus».