Elles se sont constituées en un front commun pour continuer leur combat pour la vérité. «Nous continuons à revendiquer notre droit à la vérité», «Nous n'avons pas peur de la prison ni de la mort puisque on est déjà morts», «Nous refusons tout type de chantage contre la vérité», c'est à travers ces phrases-là que les représentants des associations des familles des disparus ont exprimé leur rejet des textes d'application de la Charte. Ces associations, à savoir, Afnd, Somoud, Cfda, Onvtad, SOS-Disparus ainsi que des familles des victimes se sont réunies hier au siège de l'association SOS-Disparus pour crier et dénoncer, ensemble, les textes de loi. Après avoir pris connaissance du contenu du texte, ces associations ont décidé d'unir leurs voix et de former un front commun pour aller jusqu'au bout dans leur combat pour la vérité. «Nous ne sommes pas contre la paix, mais nous refusons que la réconciliation soit faite sur le dos des victimes de la tragédie noire qui ont lutté pendant des années pour faire la lumière sur le dossier des disparitions forcées», affirme Hassan Ferhati, représentant de l'association SOS-Disparus, qui a ouvert le bal. Ce dernier ne cache pas sa déception et son désarroi quant au sort que réserve le texte de loi aux victimes de la tragédie. «Nous aussi, nous aspirons à une vie paisible, mais à condition qu'elle soit bâtie sur des bases solides consacrant le droit à la justice, à la vérité», poursuit-il en repoussant toutefois l'idée de l'impunité. La présidente de l'association Anfd, Leïla Ighil a, pour sa part, critiqué le contenu des textes d'application qu'elle qualifie de «dérive dangereuse». «Au moment où on espérait une solution équitable du dossier des disparus, affirme-t-elle, on constate malheureusement que les textes interdisent toute poursuite contre les personnes impliquées dans la tragédie». C'est en ce sens, que la présidente de l'association Djazairouna, Mme Cherifa Kheda interviendra pour dire que «le devoir de vérité, le devoir de mémoire et de justice sont des conditions préalables pour réaliser une vraie réconciliation et rétablir la paix dans le pays». Les textes de loi, affirme-t-elle, feront l'objet d'une analyse approfondie pour constater s'ils ne contredisent pas les engagements internationaux de l'Algérie. De son côté, le président de l'association Soumoud dira: «On n'a pas le moindre doute que les dirigeants veulent sortir le pays de la tragédie sanglante, mais le diagnostic fait me conduit à dire que le médicament prescrit ne correspond pas au malaise dont souffre notre pays». «On aurait aimé que les associations des familles des disparus soient conviées au débat sur le règlement de cette crise, ce qui n'a pas été fait», regrette-t-il. S'expliquant sur cette question, l'avocat des familles des victimes, M.Sidhoum affirme que le texte a mis fin au dossier de la tragédie uniquement sur le plan sécuritaire sans pour autant traiter l'origine de la crise qui est purement politique. Evoquant la question des indemnisations, l'avocat pense qu'il est inconcevable de conditionner les indemnisations par l'acte de décès. L'indemnisation, souligne-t-il, est un droit consacré par la loi selon l'article 124 du code civil. Par ailleurs, en attendant la réunion du conseil des ministres qui adoptera les textes de loi, les associations comptent saisir le Conseil d'Etat sur cette affaire. «Si les portes de la justice algérienne restent fermées, nous allons saisir les instances internationales», disent les représentants.