Cette ville est un pôle de contrebande où les richesses se bousculent. «Ces frontières ne nous ont apporté qu'un lot de suspicions qui font de nous des individus à surveiller de très près», diront des jeunes rencontrés aux abords du marché de Maghnia. Se livrant au commerce ambulant, ils n'hésitent pas à dire que leur ville est une éternelle oubliée des programmes de développement initiés par les pouvoirs publics depuis l'indépendance. Lalla Maghnia où repose feu Mohamed Khemisti, premier chef de la diplomatie de l'Algérie indépendante n'est pas une contrée où la richesse se conjugue à tous les temps. «Seules quelques familles de notables traditionnellement connues dans la région peuvent prouver la provenance de leurs biens, pour les autres ils sont les produits d'activités douteuses», dira un jeune qui se définit comme un chômeur malgré lui puisque même avec son diplôme de licencié il n'arrive pas à trouver un emploi. Pour bon nombre d'habitants de cette ville frontalière, Maghnia est restée en marge du développement. «Nous avons bénéficié des unités de production polluantes comme d'Alzinc, celle de la baryte ou encore du ciment qui restent inaccessibles à la main-d'oeuvre locale», dira un jeune qui ne manquera pas de déclarer que le chef-lieu de wilaya (Tlemcen) s'est octroyé tous les projets créateurs d'emplois laissant des miettes aux habitants des villes situées sur la périphérie. Pour le commun des Algériens, Maghnia est un pôle de contrebande où les richesses se bousculent, mais la réalité est tout autre.