Une panique commence à s'installer au sein de la corporation des PES. Au moment où le gouvernement met à exécution les menaces de radiation des enseignants qui refusent de rejoindre leur poste de travail et qui sont au nombre de 20.000 si on se réfère au taux de reprise arrêté par le ministère de l'Education, le jour de l'expiration de l'ultimatum, les syndicats meneurs de grève restent sur leurs positions en reconduisant ce mouvement de débrayage à sa huitième semaine consécutive. M.Mériane, coordonnateur du Cnapest, lors d'un entretien téléphonique, nous a expliqué que la décision de reprise est subordonnée à des conditions arrêtées, dimanche dernier par les membres du conseil national, à savoir la levée de toutes les sanctions, l'arrêt des poursuites judiciaires et enfin l'ouverture d'un dialogue avec la tutelle afin de pouvoir, nous dit-il, débattre de la plate-forme de revendications. «La reprise ne sera possible que lorsque ces conditions seront satisfaites», insiste le syndicaliste. Seulement, une panique commence à s'installer au sein de la corporation des PES. A cet effet, plusieurs enseignants, soucieux de leur devenir, ont pris la décision individuelle de mettre fin à leur mouvement de protestation et reprendre le chemin de l'école de peur des représailles, surtout que la tutelle n'a, cette fois-ci, pas ménagé son ton en confirmant que le recrutement des vacataires débutera incessamment pour le remplacement des enseignants en abandon de poste. Ce mouvement de panique n'a certainement pas échappé aux protagonistes qui estiment que cette réaction est plus que normale et que les enseignants jusque-là, ont fait preuve de courage face aux multiples intimidations de la tutelle. «Il est difficile de résister à ce genre de menace sachant que la plupart des PES sont des soutiens de famille et par conséquent n'ont aucun autre revenu à part leur minable paie d'enseignant», explique notre interlocuteur. Prenant compte de cette donne, M.Mériane s'attend à un recul dans le suivi du mouvement. «Actuellement, il tourne autour de 80% et il est possible qu'il recule encore», prévoit-il. «Cela dit, souligne-t-il, ce n'est pas pour autant que le mouvement s'arrêtera», et d'ajouter : «Nous continuerons notre lutte car nous considérons que nous sommes en droit de réclamer nos revendications qui sont tout à fait légitimes.» Selon le responsable du Cnapest, les enseignants ne devront pas céder aux menaces du pouvoir. Il estime, par ailleurs, que l'idée de remplacer les PES «expérimentés» est absurde. Elle témoigne de la mauvaise gestion de Benbouzid. De plus, l'orateur est persuadé que ces «nouveaux» remplaçants, ne pourront jamais rattraper le temps perdu du fait de leur manque d'expérience. Concernant, l'autre mesure décidée par le gouvernement et qui consiste en l'introduction des meneurs de grève en justice, M.Mériane se dit confiant. «Nous faisons confiance à notre justice pour que Benbouzid s'arrête de se substituer à l'institution judiciaire.» Ce qui est certain, selon des observateurs, c'est que l'étau se resserre davantage sur ces deux syndicats qui étaient loin de penser que le pouvoir adopte une attitude à l'égard des enseignants aussi radicale que celle de les radier et de les attaquer en justice. Est-ce la fin d'un mouvement qui a su s'imposer pendant des mois et ce, en gagnant la confiance de 60.000 enseignants? L'avenir nous le dira.