Une marche de protestation est programmée pour la journée de demain par les élèves. Après deux mois d'école buissonnière en raison des différentes grèves décrétées par les différents syndicats, les lycéens de la wilaya ont décidé de passer à l'action pour dénoncer cette prise d'otages et faire valoir leurs droits. Les derniers développements ayant marqué le conflit qui perdure dans les lycées, n'ont pas laissé indifférents les lycéens, premiers à subir les conséquences qu'engendrerait cet enlisement. Ils sortent, désormais, de leur réserve pour, non seulement marquer leur inquiétude, mais aussi pour tenter de peser de tout leur poids pour qu'une issue positive soit vite trouvée. Dans leur appel, les premières victimes de ce conflit refusent totalement de subir le diktat des décideurs qui risquent de les entraîner vers une année blanche, en appelant à la reprise des cours et cela dans les plus brefs délais. Cette exigence est suivie de facto par leur soutien à leurs enseignants dont ils estiment les revendications légitimes du fait qu'ils dénient au ministère de tutelle le licenciement de milliers de professeurs expérimentés pour les remplacer par des «apprentis». Pris entre l'entêtement des pouvoirs publics et le jusqu'au-boutisme des grévistes, les lycéens sont pris d'une grosse colère qui ne s'exprime pour l'heure qu'à travers les propos, mais qui risque fort de se traduire sur le terrain, comme ce fut le cas samedi à Derguina, dans la wilaya de Béjaïa. Dans cette localité, les lycéens n'ont, en effet, pas résisté à la tentation de réinvestir la rue pour crier leur colère face à l'évolution «négative» du conflit, mais aussi pour tenter de faire pression sur les deux protagonistes qui se soucient de tout, sauf des élèves, fait-on savoir en substance dans de nombreux lycées. C'est dans ce sens, et pour marquer leur désaveu, que les lycéens ont programmé pour la journée de demain une marche de protestation à 10h vers le siège de la wilaya et dont le départ aura lieu à partir de la maison de la culture. Ce nouvel état d'esprit, qui anime les lycéens et dénote chez eux une volonté farouche de s'impliquer dans ce conflit, est né des dernières mesures prises par le gouvernement et de la réponse réservée par les grévistes du Cnapest et du CLA. Sentant le pourrissement, les lycéens décident de donner de la voix et montent au créneau. «Nous refusons d'être l'otage des politiques», clame-t-on avec insistance. Une prise de conscience qui se généralise présentement chez les élèves qui sont repartis, samedi, bredouilles chez eux, le ras-le-bol est omniprésent dans les propos qui cachent mal une colère née d'une impression légitime ressentie à la faveur des nouveaux développements qu'a connus le conflit. Si dans la majorité des cas, on renvoie dos à dos les protagonistes, il n'en demeure pas moins que la démarche gouvernementale reste la plus ciblée par les reproches. Le remplacement des enseignants grévistes par les universitaires est, dans ce sens, très mal vu dans le milieu des lycéens. «Nous voulons nos professeurs», nous réclame-t-on sans cesse. Un cri qui ne peut être compris que comme un message express aux grévistes et au gouvernement pour engager un véritable dialogue qui reste, aux yeux des lycéens, l'unique moyen de désamorcer la crise fort préjudiciable pour leur avenir. Chez les lycéens, on ne conçoit pas une scolarité avec un personnel sans expérience, donc loin de donner entière satisfaction. Si la décision d'Ouyahia n'a suscité que colère et indignation chez les élèves, cela ne veut nullement dire que les grévistes sont épargnés. Bien au contraire, ces derniers sont accablés de reproches. On les accuse «de faire plus dans la politique». Les lycéens ont, en fait, du mal à comprendre que leurs enseignants ne se satisfassent pas des dernières augmentations, alors on n'hésite pas à parler de manipulation. Dans leur réquisitoire les lycéens de Béjaia dénoncent la complicité des parents qui par leur silence n'ont fait qu'encourager cet état de fait. Voilà donc qui complique davantage la situation. Désormais, le duo Ouyahia-Benbouzid doit faire face à un autre front, celui des lycéens qui affichent présentement une détermination à ne point accepter de «solutions de replâtrage». Pour l'heure, le boycott des cours que donneront les remplaçants est d'ores et déjà envisagé en attendant d'autres actions de protestation sur le terrain. Vont-il réussir à ramener à la raison les uns et les autres? L'avenir proche nous le dira.