L'incident de santé du Raïs égyptien ouvre la voie à toutes les hypothèses. Le président égyptien, Hosni Moubarak, a été pris d'un malaise le 19 novembre dernier, en direct à la télévision, alors qu'il faisait un discours devant l'Assemblée du Peuple (Parlement) et le Majliss Echoura. Cette indisposition survenue, qui plus est en direct à la télévision, pose le problème quasiment tabou de sa succession. Dictateur réputé «soft», le Raïs égyptien n'en a pas moins régné avec une d'une main de fer sur le pays. Toutefois, même les dictateurs tombent malades et le président Moubarak, 75 ans, commence à montrer des signes de lassitude même s'il les cache bien sous un physique bien conservé et une physionomie avenante. Le fait est que cet incident de santé ouvre la voie à toutes les hypothèses, quant à la transition du pouvoir, cela d'autant plus qu'en 22 ans de présidence, le Raïs égyptien a quasiment fait le vide autour de lui, éliminant tout concurrent potentiel mais aussi en ne désignant pas d'«héritier», en l'occurrence le vice-président, prévu par la loi fondamentale égyptienne. De fait, depuis son accession à la magistrature suprême, à la suite de l'assassinat du président Anouar As Sadate, le 13 octobre 1981, le président Moubarak gouverne seul, prenant le soin de ne désigner aucun dauphin, poste conforme à la tradition égyptienne depuis la chute de la monarchie en 1952. Ainsi, Anouar As Sadate a été le vice-président du président Nasser, et Hosni Moubarak celui d'As Sadate. Le malaise du président Moubarak a eu pour premier effet de briser un tabou autour de la succession et d'ouvrir le débat sur la capacité des institutions égyptiennes à assurer la transition. Un débat d'autant plus inévitable que l'Egypte apparaît assoupie sous les dehors d'une fausse stabilité, résultat singulier du règne sans partage qu'exerce le président Moubarak sur le pays éliminant toute opposition qu'elle soit de gauche ou islamiste.