Dans des déclarations à la télévision égyptienne, le fils aîné du président exige des excuses officielles de la part du Président Bouteflika. Mais à quoi joue donc la famille Moubarak? Ces derniers jours, nous assistons en exclusivité à un feuilleton égyptien, dont les premiers rôles sont tenus par trois acteurs principaux qui ont un lien de sang et de parenté et qui ont surtout un projet commun: la présidence d'Egypte. Il s'agit de Hosni Moubarak, le président, de Gamel Moubarak, et de Alaâ Moubarak. Le scénario tourne autour du match Algérie-Egypte joué à Khartoum pour la qualification en Coupe du Monde 2010. Il aborde un seul aspect: «Les supposées agressions commises par les supporters algériens contre les Egyptiens venus assister à la rencontre.» La partie à laquelle nous avons assisté hier fut marquée par l'apparition du président égyptien. Devant les parlementaires, ce dernier a averti que l'Egypte ferait preuve de fermeté envers ceux qui portent atteinte à ses ressortissants, allusion à des agressions contre des Egyptiens, notamment en Algérie en marge du fameux match pour la qualification au Mondial 2010. «Le bien-être de nos citoyens à l'étranger relève de la responsabilité de notre pays, nous nous assurons que leurs droits soient respectés et rejetons les violations et erreurs qui sont commises à leur égard», a-t-il indiqué avant d'ajouter: «L'Egypte ne sera pas tolérante envers ceux qui portent atteinte à la dignité de ses citoyens.» Il accusera, en des termes a peine voilés, l'Iran de jouer un rôle «négatif» et ce dans l'objectif de fragiliser l'Union et la force arabes. Nous n'allons pas trop nous étaler sur l'argument évoqué par Moubarak. Mais nous nous arrêterons un instant sur le ton utilisé par «El Raïs». Le ton nous intéresse beaucoup parce que, depuis quelque temps, nous assistons à un matraquage médiatique lâche et violent contre le peuple algérien par les médias égyptiens publics et privés. Tout est permis, les journalistes, qui décidément ont perdu le sens du professionnalisme, accusent le peuple et le régime algériens de tous les maux. Hier, le président Moubarak n'a à aucun moment cité l'Algérie dans son discours, il aborde le dossier avec un style plus au moins «diplomatique» mais fort contestable. Cela augure-t-il d'un dénouement ou d'une éventuelle sortie de crise? Les observateurs sont sceptiques. Le danger vient du rôle confié au fils aîné de Moubarak, Alaâ. Dans des déclarations à la télévision officielle égyptienne, ce dernier exige des excuses officielles de la part du Président Bouteflika, demande de boycotter l'Algérie, accuse le peuple algérien de barbarie, et estime que l'Algérie n'appartient par «à la Nation arabe», un slogan si cher aux Egyptiens. L'on devine bien que si Alaâ a parlé, cela ne pouvait se faire sans le feu vert du président. Nous n'avons pas besoin de preuve pour confirmer que le fils aîné a récité plus de dix fois son speech devant son père avant de passer en direct à la télévision. Si l'Egypte avait l'intention de calmer le jeu après le match, Hosni Moubarak aurait certainement empêché son fils de parler. Le troisième rôle est interprété par «l'héritier du trône» Gamel Moubarak. Alors lui, il s'efface complètement, malgré son voyage au Soudan. Et là, une question s'impose. Pourquoi? La réponse nous permet de lever le voile sur les intentions et les ambitions politiques de la famille Moubarak. Le père opte pour la voie diplomatique mais avec le risque de provoquer la colère des citoyens qui, manipulés et mobilisés par la presse locale, exigent des actions concrètes. Le fils Alaâ prend le relais et traduit à travers ses déclarations ce que le peuple pense tout haut et le réclame tout aussi haut. Quant à Gamel, il reste en dehors de ce débat, il ne veut pas s'engager dans une polémique montée de toutes pièces par le pays des Pharaons pour ne pas «salir» son image de futur président aux yeux de l'opinion régionale et internationale. Mais à ce niveau de responsabilité, est-il judicieux de s'aventurer dans un feuilleton aussi risqué que celui du feuilleton du match Algérie-Egypte? Un dossier à suivre. Et les prochaines parties révèleront les ambitions politiques de la famille à une année de la présidentielle.