Une dure épreuve pour le Premier ministre Les chantiers urgents ne manquent pas. M.Sellal aura-t-il la capacité de secouer le cocotier pour dépasser le statu quo actuel suicidaire? Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, n'a pas jubilé en apprenant sa nomination à la tête de l'Exécutif. S'il présente l'avantage de passer pour une personnalité accessible, consensuelle, chaleureuse et conviviale, M.Sellal ne doit pas dormir sur ses lauriers tant la patate qu'on vient de lui refiler est trop salée pour être savourée. Nommé Premier ministre à 17 mois de la présidentielle de 2014, il lui est impossible de rattraper le grand retard accusé dans la gestion, le manque de vision politique des errements sur le plan économique. Mais, les chantiers urgents ne manquent pas. M.Sellal aura-t-il la capacité de secouer le cocotier pour dépasser le statu quo actuel suicidaire? N'ayant pas d'ambition présidentielle, comme a été le cas de son prédécesseur Ahmed Ouyahia, l'actuel Premier ministre aura en revanche la tâche de préparer, dans la sérénité, la présidentielle de 2014. Il ne s'agit pas d'une simple mission car sa réussite de ce rendez-vous électoral capital pour le pays, suppose plusieurs conditions. D'abord, il convient de préparer dans la sérénité les prochaines élections communales tant attendues par les observateurs internationaux que la classe politique. Prévu officiellement le 29 novembre prochain, il n'y a pas de raison de rater ce virage électoral pour le pouvoir algérien qui a très bien négocié les législatives organisées au coeur de la tempête du printemps arabe. Auparavant, le gouvernement doit s'atteler à peaufiner le projet de loi de finances 2013, qui retient les regards des opérateurs économiques nationaux et internationaux. Cela d'une part, de l'autre, l'élaboration de cette loi de finance sera un véritable exercice de prospective pour le gouvernement. Suspendu au cours du baril dont l'évolution reste une énigme pour les prochains mois, l'Exécutif doit intégrer tous les paramètres des fluctuations du marché pétrolier et surtout mettre fin aux folies des dépenses publiques. Ce ne sera pas de l'austérité mais presque. La révision de la Constitution est un autre grand chantier. C'est le gouvernement Sellal qui doit soumettre un avant-projet à l'Assemblée populaire nationale. La révision de la Constitution, qui marquera l'actuelle législature, interviendra, selon des sources parlementaires, éventuellement au premier trimestre de l'année 2013. Après 50 années d'indépendance, l'Algérie doit se donner une nouvelle Constitution qui définira la future Algérie. Elle devra, en effet, trancher définitivement quant à l'ambivalence du fait religieux au sein de la société, revenir à la limitation du mandat présidentiel, définir la nature du régime (parlementaire, présidentiel ou semi-présidentiel), consacrer la séparation des pouvoirs, définir les attributions du Premier ministre, celles du président de la République et des Assemblées élues et probablement consacrer tamazight comme langue officielle, comme cela a été le cas au Maroc. Parallèlement à ces rendez-vous, l'équipe que drive M.Sellal doit garder l'oeil sur la «marmite» sociale qui bouillonne à la veille de la rentrée. Les grèves ont repris dans plusieurs secteurs alors que d'autres menacent de débrayage. A l'est, à l'ouest et même au sud du pays, les jeunes, notamment, revendiquent de l'emploi et des logements. Il faut revoir les mécanismes de fonctionnement de l'économie nationale qui, jusque-là, ont marginalisé le secteur productif national et favorisé les importations et la culture de la rente. «A ce rythme, nous ne faisons que différer l'implosion» avertissent les observateurs nationaux. L'aspect sécuritaire est un autre chantier qui interpelle, en urgence la nouvelle équipe gouvernementale. Il y a lieu de rétablir un climat de sérénité. Il a été constaté un certain relâchement sécuritaire qui s'est traduit ces derniers temps par l'explosion des actes de banditisme à travers les grands centres urbains.