«Le film est aussi fidèle que je le suis avec ma femme» Yasmina Khadra, lors de la conférence de presse Jamais la salle El Mougar n'avait connu une telle affluence à l'occasion de l'avant-première du film d'Alexandre Arcady «Ce que le jour doit à la nuit». Plus de 1200 cartes d'invitation distribuées pour seulement 600 places dans la salle. Tout le monde voulait découvrir l'adaptation cinématographique du célèbre livre de Yasmina Khadra. Mais sur les 600 personnes qui ont vu le film combien ont lu le livre? C'est la question qu'il faudrait désormais se poser. Car contrairement à ce qui a été écrit et dit, le film n'est pas véritablement une fidèle reprise cinéma du célèbre roman de Yasmina Khadra. Même si sur le plan cinématographique, Arcady a réussi son adaptation artistique, plusieurs passages ont été oubliés et des personnages clés supprimés. Et le personnage le plus important dans le livre qui a été zappé par Arcady c'est bien le personnage de Messali El Hadj. Présenté par Fellag dans une scène lors de l'arrivée de Younès, le réalisateur a préféré zapper un pan important de l'histoire du livre et de l'Algérie. Pourtant, la scène des réunions politiques du MNA dans la maison du pharmacien Mahieddine (qui a accueilli une réunion politique importante), était primordiable pour la cohésion et pour le raccord technique avec la scène de son arrestation. Cette scène importante du livre est également importante pour la bonne compréhension du film. Malheureusement, l'histoire algérienne n'intéresse pas Arcady qui a préféré mettre en valeur la vie des pieds-noirs d'Algérie. Cette omission, ou censure de l'histoire, met mal à l'aise certains acteurs principaux de la vie politique. Messali Hadj, qui a été longtemps censuré par l'Algérie officielle, vient d'être censuré par un partisan de la vision de l'Algérie française. Messali El Hadj n'a eu droit qu'à la présentation d'une photo encadrée et les louanges de Fellag, grand absent de la machine médiatique d'Arcady à Alger. Il est clair qu'Arcady n'est pas venu quémander l'aide de l'Algérie pour adapter un autre livre de Yasmina Khadra et encore moins la découverte de l'année: le livre de Mohamed Benchicou La Parfumeuse, la vie occultée de Mme Messali Hadj. Notre grand réalisateur français pour le cinéma algérien, était en fait à Alger, pour boucler la production d'un nouveau film, adapté du romain Alger sans Mozart, écrit par un Français d'origine corse, Michel Canesi et un Algérien, Jamil Rahmani. L'histoire, comme on peut le deviner, n'évoquera pas l'Algérie dans ses combats politiques ou militaires, mais encore et toujours la vie ordinaire des Français pieds-noirs et des Algériens pieds-blancs. Plus que jamais Arcady a réussi son coup médiatique, mais a marqué de son pied-noir la page blanche du futur et de l'histoire de l'Algérie. [email protected]