C'est pour avoir dénoncé dans ses écrits la corruption et les passe-droits dans sa région que ce dernier a été jeté en prison. La cour de Saïda vient de mettre en liberté provisoire le journaliste et membre de la Laddh (Ligue algérienne des droits de l'homme) Hassen Bouras, incarcéré depuis le 7 novembre 2003 à la prison d'El-Bayadh puis transféré, après deux semaines de grève de la faim à la maison d'arrêt de Saïda. Ville où son dossier a été expédié au parquet de la cour. Finalement, hier, cette même cour a pris la décision de renvoyer le procès en appel à la date du 23 décembre 2003, report décidé par le président de la cour, faute de la présence, du plaignant, Moulay Brahim, responsable local de l'Organisation nationale des moudjahidine à la wilaya d'El-Bayadh, à l'origine de la plainte contre Bouras. C'est devant cette situation que le collectif d'avocats -plus d'une dizaine - de Hassen Bouras a demandé la liberté provisoire du journaliste, en attendant la programmation du procès. La Ligue algérienne des droits de l'homme qui a également défendu le correspondant de presse d'El-Bayadh, objet du procès, aux côtés de RSF (Reporters sans frontières) estime, pour sa part, que la mise en liberté provisoire de Bouras n'est qu'un minimum. La Laddh continue de demander la libération totale du journaliste, «car rien ne pourra justifier la condamnation d'un journaliste à deux ans de prison ferme, à cinq ans d'interdiction d'exercer la profession et à 200.000 DA d'amende». La Laddh réitère donc son appel au collectif d'avocats, aux ONG internationales et à la presse de demeurer mobilisés pour la suspension définitive du premier verdict, «pour que le journaliste Hassan Bouras puisse recouvrer tous ses droits». C'est pour avoir dénoncé dans ses écrits la corruption et les passe-droits dans sa région que ce dernier a été jeté en prison, sans pouvoir user de ses droits les plus élémentaires, notamment l'appel contre un jugement pour le moins excessif s'agissant d'un «délit de presse», a noté dans une déclaration, pour sa part, le Conseil supérieur de l'éthique et de la déontologie à la veille de la prononciation du verdict tombé hier. Alors que l'ONG Human Rights Watch avait instruit, le 24 novembre dernier, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell de faire pression sur le gouvernement algérien pour obtenir la révision du procès de Hassen Bouras. Un secrétaire d'Etat dont la venue intervient finalement en Algérie au lendemain du procès du journaliste. L'affaire Bouras ne manque pas de remettre au goût du jour l'extrême précarité de la condition du correspondant de presse soumis à la vindicte et aux pires pressions venant de potentats locaux. Une solitude dont a déjà fait les frais le défunt confrère Abdelhaï Beliardouh, correspondant de presse à Tébessa.