Un collectif de dix avocats, représentant la Laddh, défendra la cause du journaliste condamné à 2 ans de prison ferme pour diffamation. Le procès aura lieu la veille de la venue du secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères, M.Colin Powell, qui avait été chargé par Human Rights Watch de faire pression sur le gouvernement algérien pour obtenir la révision du procès de Hacène Bouras. «Nous vous demandons instamment de soulever le cas de Hacène Bouras auprès des hautes autorités algériennes lors de votre visite à Alger», est-il écrit dans la lettre que cette ONG a adressée au secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères en date du 24 novembre dernier. En effet, c'est aujourd'hui que l'affaire du correspondant de presse, Hacène Bouras, sera rejugée par la cour d'appel de Saïda. Condamné à deux ans de prison ferme pour diffamation, assortie d'une interdiction d'écrire durant cinq ans, et au paiement de 200.000 DA à la partie plaignante pour dommages et intérêts, le prévenu avait interjeté le jugement en appel et observé une grève de la faim pour protester contre le verdict prononcé le 7 novembre dernier par la juridiction d'El-Bayadh. Après deux semaines de jeûne, Bouras fut transféré à la maison d'arrêt de Saïda et son dossier remis au parquet de la cour de cette wilaya. Au vu de la complexité et de la célérité avec laquelle a été traitée l'affaire, un élan de solidarité s'est manifesté pour soutenir Hacène Bouras qui sera défendu, outre la Ligue des droits de l'homme et RSF, par un collectif de plus d'une dizained'avocats. Selon ses proches, qui se sont exprimés dans les colonnes d'un confrère, Bouras a été «victime de la mafia locale qu'il citait à chaque fois dans ses écrits. Il avait déjà été agressé physiquement en pleine rue, devant de nombreux témoins, par des individus connus à El-Bayadh. Une agression qui lui a valu plusieurs jours d'incapacité. Il avait alors déposé une plainte, et après identification des auteurs et leur confrontation, ils ont été convoqués par le procureur qui les a mis en liberté provisoire.» La victime s'est retrouvée quelques jours plus tard en prison. Hacène Bouras a été condamné, en vertu d'amendements introduits en 2001 au code pénal durcissant les peines contre les journalistes pour diffamation, pour avoir dénoncé la corruption et certaines pratiques des élus et responsables de la wilaya de Saïda. Des amendements que la Ligue algérienne des droits de l'homme, présidée par Me Abdenour Ali-Yahia, dénonce dans un communiqué. Cette dernière qui suit avec inquiétude l'affaire considère que «l'heure est extrêmement grave pour les libertés ; toutes les libertés notamment la liberté de la presse ; condamner un journaliste à une telle peine pour une simple affaire de diffamation démontre, encore une fois, la volonté des décideurs de museler la presse et d'étouffer toutes les voix libres qui expriment les réalités sociales». En outre, la Laddh constate que le cas de Hacène Bouras s'ajoute à plusieurs autres cas où les correspondants de presse dans plusieurs wilayas (Annaba, Tébessa, Djelfa, Tizi-Ouzou, etc.) «ont été victimes d'agressions physiques, de pressions, de menaces, de poursuites judiciaires et d'intimidations de la part de la mafia et des autorités locales». Avant de réitérer son appel à la presse et aux ONG nationales et internationales à davantage de mobilisation pour imposer la libération immédiate du journaliste et membre de la Laddh, Hacène Bouras, la Laddh souhaite que les éditeurs de presse développent des mécanismes de protection de leurs correspondants en améliorant leurs conditions du travail.