Visant à mettre en place un examen sur la situation de l'enfant en Algérie, le réseau algérien pour la défense des droits de l'enfant Nada a rendu public, hier, son rapport portant sur la situation de l'enfant en Algérie intitulé «Le profil national Algérie». Cette analyse a permis de lever le voile sur les faiblesses de l'Algérie en matière de mise en place d'un véritable mécanisme de protection de l'enfant dans son environnement social, économique et juridique. «Nous avons constaté une énorme faiblesse à répondre positivement aux besoins spécifiques de l'enfant, notamment le droit aux loisirs, à une éducation de qualité et un cadre de vie décent», a indiqué M.Abderrahmane Arar, président du réseau Nada. Ce dernier a expliqué que «ces faiblesses enregistrées et constatées dans les mécanismes de protection par rapport aux situations de non-droit et ou de danger concernant les enfants vulnérables sont dues aux mutations que la société algérienne a traversé depuis les années 1990 avec un cumul de problèmes et de détresse». Et d'ajouter: «Un manque de cohérence a été aussi relevé sur les programmes sociaux et une équité insuffisante dans leurs impact.» Cette analyse relève une très faible contribution du mouvement associatif dans la prise en charge des besoins sociaux des enfants, l'inégalité dans l'accès aux services sociaux entre certaines régions, l'insuffisance des ressources financières ou de personnels spécialisés des institutions et établissements spécialisés destinés aux enfants vulnérables. «Ces limites constituent autant de défis à relever pour la protection sociale», a souligné M.Arar. Par ailleurs, des insuffisances sont enregistrées au niveau du cadre juridique régissant les différents programmes de protection de l'enfance, particulièrement les textes juridiques relatifs à la situation d'enfants privés de famille, ainsi que la modernisation et modification des textes et réglementation des établissements d'accueil datant des années 70 et 80 et qui ne s'adaptent plus aux nouvelles réalités sociales. «Pas moins de 1700 mineurs ont été présentés devant les tribunaux durant le premier semestre de l'année en cours», a informé les activants de Nada. «Ces mineurs en difficulté sociale sont pris en charge sur ordonnance du juge des mineurs, par les services d'observation et d'éducation en milieu ouvert (Soemo), implantés dans les 48 wilayas», lit-on dans ce rapport. Toutefois, ces services sont incapables en termes de prendre en charge cette tranche sociale à cause de leurs insuffisances liées à l'encadrement pédagogique, au manque de perfectionnement du personnel pour le traitement de certains phénomènes, tels que les traumatismes liés à la toxicomane, le manque de structures dans les grandes wilayas, l'instabilité des juges des mineurs qui entraînent des effets néfastes sur le travail de la commission de l'action éducative, des cumuls de tâches chez les juges des mineurs. Par ailleurs, l'absence d'un système d'information par rapport à la situation, la lourdeur de la mise en place du plan national au niveau des secteurs ministériels, ces insuffisances constituent des défis à prendre en considération dans le nouveau code de la protection proposé par le ministère de la Justice depuis 2006.