Avis - La société civile a plus que jamais besoin de coordonner ses efforts en vue d'une action commune contre l'exploitation des enfants dans la mendicité. L'absence d'un cadre juridique à même de garantir une réelle protection à tous ces mineurs piégés dans une vie faite de pauvreté et de dépendance, devrait constituer leur principal cheval de bataille. Le président du réseau algérien de défense des droits des enfants (NADA) a insisté dans ce sens sur l'importance de la mise en place d'un dispositif législatif approprié qui saura éviter à cette frange si sensible de la société toute forme de déviance. Le nouveau cadre juridique auquel appel Nada devrait, s'il venait à être adopté, renforcer les textes 195 .196 du code pénal déjà en vigueur mais peu appliqué sur le terrain. L'urgence est aussi de prendre en charge les enfants qui sont déjà impliqués dans la mendicité par un suivi psychologique et médical, rappelle Abderrahmane Arrar. Il s'agit d'une première étape avant leur placement dans des centres d'accueil spécialisés en vue de leur réinsertion au sein de la société. L'amélioration des textes juridiques devrait également profiter aux enfants nés sous X et de mères célibataires. Ces derniers sont les premiers à courir le risque de finir exploités dans des travaux forcés ou la demande de charité. Un nouveau cadre juridique est aussi synonyme de rigueur dans l'application de la loi dont en l'occurrence la sanction et le contrôle contre les récidivistes qui utilisent les enfants dans la mendicité, insiste Nada. Faire toute la lumière sur ce phénomène induit l'«organisation de campagnes de sensibilisation aux graves conséquences de la vie des enfants dans la rue», a encore précisé Nada. «Ce public vulnérable doit trouver sa place au sein de la société», a indiqué M. Arrar. Et pour ce faire les autorités doivent se pencher sérieusement sur «les conditions de vie des enfants issus de parents pauvres ou sans emploi», dit-il. Une stratégie qui devrait aller de pair avec la lutte contre la mendicité professionnelle utilisant pêle-mêle les enfants valides et invalides. «Même les handicapés ne sont pas épargnés», déplore le président de Nada précisant que la Direction de l'action sociale (DAS), à elle seule, ne peut rien devant l'ampleur du fléau. Les sources de ce problème sont multiples et concernent toutes les institutions dont essentiellement le ministère de la Justice, de l'Education, du Travail et de la Solidarité, de la Formation professionnelle... «La DAS ne peut pas protéger à elle seule les mères célibataires qui se retrouvent du jour au lendemain dans la rue sans aucune ressource. Ces femmes ont besoin d'être accompagnées et orientées vers la bonne solution. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Le problème se pose en termes de lien et d'intervention sur le terrain que la DAS ne peut pas résoudre seule», explique M. Arrar indiquant que son association est en contact permanent avec de nombreuses victimes de la mendicité. «Ces femmes ne cherchent qu'à être aidées pour préserver leurs enfants et leur dignité. Mais sans ressources, elles n'ont d'autre choix que de pousser leur progéniture à mendier», dit-il. L'ampleur du travail paraît ainsi titanesque et appelle à la mobilisation de toute la société civile. Renforcer les capacités des associations qui œuvrent pour la mise en place d'une stratégie de promotion et de protection des droits de l'enfant, est un des objectifs de Nada dans ce contexte.