Le groupe Hezb-e-Islami, la deuxième composante la plus importante des insurgés afghans après les taliban, a revendiqué l'attentat suicide visant un minibus sur une autoroute menant à l'aéroport de Kaboul. Il a affirmé avoir perpétré cet attentat en réponse à la diffusion d'un film caricatural produit aux Etats-Unis, «L'innocence des musulmans», qui dénigre le Prophète. L'attentat a fait au moins douze morts: neuf étrangers - dont huit Sud-africains - et trois Afghans. Les étrangers travaillaient pour une société privée oeuvrant à l'aéroport, selon le ministère des Affaires étrangères sud-africain. Les violences liées au film ont fait 31 morts depuis l'attaque du consulat américain à Benghazi il y a une semaine. Les manifestations de protestations au Caire contre ce film anti-islam diffusé sur l'Internet ont mis un coup d'arrêt aux discussions sur un allégement de la dette égyptienne aux Etats-Unis pour un milliard de dollars, affirme hier le Washington Post. Ces discussions visaient à apporter une aide économique cruciale au nouveau gouvernement égyptien, contrôlé par les Frères musulmans et confronté à d'immenses défis économiques après le soulèvement de 2011 qui a mis fin au règne du président Hosni Mubarak. Mais, selon des responsables de l'administration américaine cités par le quotidien américain, l'Egypte ne doit pas espérer recevoir d'aide substantielle - du moins pas avant l'élection présidentielle américaine du 6 novembre. Le Caire avait mis du temps à réagir aux violentes manifestations la semaine dernière devant l'ambassade des Etats-Unis au Caire et alors que les protestations du même genre se poursuivent dans la région. Des heurts ont ainsi éclaté hier au Cachemire indien entre des centaines de manifestants musulmans et les forces de l'ordre. Les échauffourées se sont notamment produits à Srinagar, la principale ville de cette région à majorité musulmane, lorsqu'un groupe d'environ 300 manifestants voulant rejoindre un bureau local des Nations unies a été stoppé par la police. L'Inde, qui compte environ 150 millions de musulmans, a condamné le film, le qualifiant d' «insultant». IntelCenter, un centre américain de surveillance de sites islamistes, a rapporté hier qu'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) a appelé samedi ses partisans à «suivre l'exemple» des assaillants du consulat américain à Benghazi (Libye) et à tuer les ambassadeurs américains dans les autres pays du Maghreb. Aqmi a qualifié la mort de l'ambassadeur américain dans l'attaque à Benghazi de «meilleur cadeau» aux islamistes radicaux à l'occasion de l'anniversaire du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unis. Le groupe appelle à attaquer les ambassades américaines dans les autres pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie) et à tuer les ambassadeurs des Etats-Unis. Lundi, le chef du Hezbollah libanais avait appelé toute la nation islamique à se mobiliser en réaction à ce long-métrage dénigrant l'islam, alors que des manifestations anti-américaines avaient gagné le même jour l'Indonésie et l'Afghanistan et fait deux morts au Pakistan. «Il ne s'agit pas d'un mouvement passager ou d'un défoulement mais du début d'une mobilisation sérieuse qui doit se poursuivre à travers toute la nation islamique pour défendre le Prophète», a lancé Hassan Nasrallah, qui a fait une rare apparition en public lors d'un rassemblement monstre à Beyrouth. «Les Etats-Unis doivent comprendre que la diffusion de l'intégralité du film aura dans le monde des répercussions dangereuses, voire très dangereuses». Un imam salafiste égyptien a lancé une fatwa appelant à tuer tous les protagonistes du film, selon le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE. Le président Barack Obama a contacté ce week-end ses chefs de mission en Libye, en Tunisie, au Yémen et au Soudan, pour «faire savoir aux diplomates qu'il pensait à eux, que leur sécurité restait l'une de ses priorités». De son côté, le département d'Etat américain s'est refusé à qualifier «d'acte terroriste» l'attaque du 11 septembre menée contre son consulat à Benghazi et au cours de laquelle son ambassadeur en Libye et trois autres Américains avaient perdu la vie.