La sentence de l'interdiction leur a été infligée par un autre groupe de jeunes guidés par un cadre de l'Unja, Sid Ahmed Kartali. La situation organique du FLN se corse au fil des jours à Oran. Deux semaines après avoir été chassé de la mouhafadha, le colonel Abid, guidant son groupe, revient à la charge en se présentant, hier, pour tenter un nouveau coup de force pour regagner son poste de mouhafadh d'Oran et ce, en tentant d'accéder, coûte que coûte, à l'intérieur du siège de la mouhafadha. Aussi, le retour du clan du colonel Abid a été motivé essentiellement par l'annonce de la venue, à Oran, du membre du conseil national chargé, par la hiérarchie supérieure du vieux parti, de superviser les élections locales dans la wilaya d'Oran, M.Zehal. Une réunion devant se tenir hier aurait été même envisagée en ce sens, Il était 9 h du matin lorsque les partisans du colonel Abid se sont pointés devant l'entrée principale de la mouhafadha faisant face au grand café Riche. Ces derniers, étant indésirables, n'ont pas été accueillis avec les honneurs étant donné qu'ils ont été interdits d'accéder à l'intérieur du bâtiment. La sentence de l'interdiction leur a été infligée par un autre groupe de jeunes guidés par un cadre de l'Unja, Sid Ahmed Kartali. Pendant que ces derniers scandaient des slogans axés sur la nécessité de rajeunir les instances du FLN d'Oran, les partisans du mouhafadh délogé ont, à plusieurs reprises, tenté de s'approcher de la porte d'accès tout en scandant des slogans favorables à leur chef. En vain. Les hommes des deux camps sont allés jusqu'à user de la violence. En effet, l'entrée principale de la mouhafadha a vite fait de se transformer en un ring puis l'un des partisans de Abid a administré une belle raclée au cadre de l'Unja, Sid Ahmed Kartali. La situation était sur le point de dégénérer n'était-ce l'intervention de plusieurs autres personnes qui ont séparé les deux «pugilistes». Les séides du colonel Abid, tout en s'engageant à accéder vaille que vaille à l'intérieur de la bâtisse, ont marqué un petit recul pendant que les occupants de la mouhafadha se sont serré les coudes en scandant à gorge déployée que «désormais la mouhafadha et l'avenir du FLN appartiennent aux jeunes». De leur côté, les fidèles du mouhafadh déchu se sont mis à scander des slogans tout en réitérant leur soutien à leur chef «Abid Mouhafadh» comme un refrain. La tension est montée de plusieurs crans donnant lieu à des heurts après que le membre du conseil national ait annoncé sa disponibilité à recevoir, dans la mouhafadha, le colonel Abid, sans que ce dernier ne soit accompagné par ses camarades. L'annonce qui est tombée comme un couperet leur a été faite par un militant de l'autre fraction hostile au retour du clan du colonel Abid. Cette annonce a, sur le champ, soulevé, le courroux du mouhafadh délogé qui a fait des déclarations aussi bien brûlantes que gravissimes. En colère, il dira aux journalistes présents sans ambages ni encore de gêne que «Zehal, qui a semé la pagaille dans la wilaya de Tipasa, est en train de détruire le FLN dans la wilaya d'Oran». Et d'ajouter d'un ton sec que «ce dernier, Zehal, n'est pas un fils de chahid, son père a trouvé la mort des suites du renversement de son tracteur en 1963». Dans cette guerre fratricide, un enjeu est en vue, les élections municipales qui auront lieu dans si peu de temps alors que le motif principal repose sur la confection des listes électorales.