«Il vaut mieux escompter le pire. Nous n'aurons plus que de bonnes surprises.» Claude Aveline Faut-il croire les hommes politiques même quand ceux-ci ne sont pas en campagne électorale? Tout porte à croire que la politique est l'art de faire des promesses qu'il sera difficile de tenir. Le peuple français est en train de découvrir que le président Hollande voit les choses différemment ou plutôt sous un autre angle que le candidat François. Tout est dans la nuance: les déclarations des hommes politiques sont en général enveloppées dans des formules différemment interprétatives et quand les chiffres s'en mêlent, il y a toujours une crise ou des conditions internationales pour voler au secours du décideur. C'est ce qu'on appelle la démagogie. Sous nos cieux, la situation n'est pas si différente: tout le monde a encore en esprit la déclaration du président du COA qui promettait des surprises de la part de la délégation des sportifs algériens qui sont allés s'exhiber du côté de la Tamise. N'ayant pas accompagné le mot «surprise» d'un quelconque qualificatif, ceux qui ont l'habitude de lire entre les lignes ont tout de suite conclu que l'adjectif «mauvaises» aurait plus de chance de décrocher la médaille que le qualificatif «bonnes» qui est surtout employé comme conclusion à la fin d'une blague qui a déridé le front de la plupart des auditeurs. «Elle est bien bonne, celle-là!» s'écriera toujours l'un d'eux en se tapant sur les cuisses. Finalement, une modeste médaille en or sera l'unique breloque qui accompagnera l'équipe algérienne sur le retour. Alors, quand le Premier ministre Abdelmalek Sellal promet de tout nettoyer, on est en droit de rester dubitatif. Non pas sur ses capacités intellectuelles ou sur sa volonté de faire place nette, mais sur les moyens et sur le temps qu'il lui faudra pour réparer un demi-siècle de divagations, d'errements, d'échecs, de mensonges, de rapines, de trahisons, de corruption sans compter les terroristes et les criquets, pèlerins ou pas... Il faudrait une encyclopédie pour répertorier tous les maux qui ont frappé un pays qui avait tout pour réussir et qui se retrouve toujours au point de départ: c'est-à-dire au lendemain de l'indépendance, avec l'espoir en moins. Tout cela parce que des gens intelligents préfèrent investir sur la Costa Del Sol, à Montreux ou au Faubourg Saint-Honoré quand ce n'est pas à Zurich ou dans le Golfe peu clair. Mais Sellal, n'est pas hélas, le seul à faire miroiter des lendemains chantants aux alouettes que nous sommes: M. Amara Benyounès, ministre de l'Environnement, du territoire de l'Aménagement et de la Ville, est allé de sa petite formule qui ressemble comme une soeur à celle du président du COA. Il promet de changer l'aspect de nos villes. Vaste programme, s'il en est un! Il faut dire qu'il y a longtemps que toute notion d'urbanisme est absente dans les villes algériennes. La campagne a envahi la ville et aucune norme urbanistique n'a plus droit de cité dans les nouveaux quartiers construits depuis la ruée vers le foncier des années 1980: pas de plan de masse et peu de respect des permis de construire donnés à la tête du client. Les trottoirs et les espaces publics sont accaparés par les marchands de l'informel ou de gens sans scrupules, dans une totale impunité. Ne parlons pas des immeubles qui composent ces cités populeuses qui ceinturent la capitale. L'écrasante majorité des unités locatives ne sont plus gérées: une faune de parasites et de spéculateurs s'est emparée des caves de ces immeubles et des travaux mettant en danger la sécurité et l'hygiène des locataires légitimes, sont entrepris au vu et au su de tout le monde sans qu'une autorité quelconque ne vienne y mettre un holà salutaire. Il y a même des propriétaires qui attendent l'acte de propriété d'un appartement qu'ils ont payé rubis sur l'ongle, voilà 26 ans! Qui dit mieux?