Plusieurs fois ministre et ambassadeur pendant les années 80, Abdelhak Brerhi est une figure connue du public algérien. Sénateur démissionnaire, cet ancien ministre sous Chadli évoque pour nos lecteurs les principales préoccupations du Ccdr, organisation née en 1999, foncièrement anti-intégriste. Assumant totalement l'arrêt du processus électoral, l'invité de «A coeur ouvert avec L'Expression» revient pour nos lecteurs sur les sujets chauds qui font l'actualité. Le porte-parole du CCDR, Abdelahk Brerhi, espère voir l'armée avoir son mot à dire à l'occasion du prochain rendez-vous. «L'armée a non seulement le devoir de veiller à la transparence de la prochaine élection présidentielle, mais elle est également gardienne du caractère républicain de l'Etat», dira-t-il, à la question de savoir quelle pourrait être l'intervention de l'institution militaire dans le contexte électoral qui s'annonce quelque peu flou. L'invité de L'Expression évoque, à propos de cette même élection, la nécessité de pressions qui devront être exercées sur Bouteflika par l'ensemble des candidats pour la mise en place d'un gouvernement neutre. Une pression qu'il préconise la plus forte possible puisqu'il propose un retrait pur et simple des adversaires du chef de l'Etat au cas où la neutralité du gouvernement n'est pas garantie. A ce niveau, «l'armée doit peser de son poids pour obliger le chef de l'Etat» à respecter «les engagements pris devant la scène internationale». Notamment «la promesse faite à Colin Powell d'aller vers une élection propre et honnête», à l'occasion de la visite du secrétaire d'Etat américain en Algérie, la semaine dernière. A ce propos, Abdelhak Brerhi retient qu' «un chef d'Etat n'a pas à dire cela à un ministre des Affaires étrangères». En d'autres termes, l'ancien ministre de l'Ens-eignement supérieur sous Chadli reproche à Bouteflika un manquement au protocole susceptible d'assimiler l'Algérie à «une République bananière». Toujours sur la question de la présidentielle, le porte-parole du CCDR soutient le rejet de l'amendement proposé par El-Islah en ce qui concerne le vote des corps constitués. «Je préfère que cette clause (vote de l'armée dans les casernes Ndlr) reste, tant que le danger intégriste demeure. S'il y a un deuxième tour entre islamistes et républicain, que les voix des corps constitués pèsent dans la balance. Par contre, si dans le cadre d'une révision constitutionnelle les balises républicaines irréversibles seront instaurées, à ce moment-là je serai pour un pareil amendement.» En fait, la position du CCDR est motivée, à en croire notre invité, par le seul souci de faire triompher le caractère républicain de l'Etat algérien. Pour illustrer ses propos, Brerhi reprend la fameuse phrase du général Lamari à savoir que l'armée a vaincu le terrorisme, mais pas l'intégrisme. En fait, solution à la turque ou pas, le porte-parole du CCDR estime que bien qu'éloigné du choix du candidat à la prochaine présidentielle, l'armée a le devoir de veiller à la républicanité de l'Algérie. En fait pour l'invité de «A coeur ouvert avec l'Expression» le rôle politique de l'armée doit demeurer en tant que garant de la pérennité de la République algérienne démocratique et populaire.