La Maison de la presse Tahar-Djaout a connu hier en début de matinée, une effervescence rappelant les moments forts de la mobilisation de la presse nationale. La majorité des acteurs de la corporation ont répondu à l'appel lancé par le comité national de sauvegarde des libertés. Des directeurs de titres de la presse nationale, des journalistes, des personnalités historiques, des responsables de partis politiques et des organisations de la société civile ont pris part au rassemblement. «Toucher à la presse signifie que les fondements de la démocratie dans notre pays sont menacés», a déclaré Bouchemla, ministre FLN évincé. Dans la pression et le harcèlement qui s'abattent actuellement sur la presse indépendante, Abdelaziz Rahabi, ex-ministre de la Communication évincé lui aussi par Bouteflika, y voit «une sorte de tentation de totalitarisme (...) ça fait partie d'une diversion. L'Etat doit avoir d'autres préoccupations que les rotatives, il est temps de poser les véritables problèmes de fond». Les personnalités qui se sont succédé à la tribune, en face du quotidien El Khabar, pour la prise de parole ont fait un violent réquisitoire contre la démarche du chef d'Etat et son ministre de l'Intérieur Zerhouni. Rappelant la crise multidimensionnelle que vit le pays, Abdelhak Brerhi, porte-parole du Ccdr et membre du Comité national de sauvegarde des libertés, a énuméré «les manquements très graves à la Constitution qu'est en train de faire le président de la République :la compromission avec l'intégrisme, légiférer par des ordonnances au mépris total de la loi de finances et une distribution sans retenue de la cagnotte de la rente au bon vouloir du prince et enfin une atteinte à la liberté de la presse». Il ajoute: «ce sont ces dépassement et ces manquements qui ont poussé le Comité national de sauvegarde des libertés à appeler à ce rassemblement». Pour Leila Aslaoui «l'Algérie se trouve face à une situation semblable ou pire que celle de 1991, c'est un terrorisme d'un autre genre et Bouteflika veut faire éclater le pays», a-t-elle déclaré avant d'ajouter: «nous sommes tous des Benchikou, nous sommes tous des Alilat, des Benghanem et des Fattani, nous ne sommes pas des Marocains nous sommes des Algériens». Les délégués du mouvement citoyen de Tizi Ouzou, de Bouira et de Béjaïa et d'Alger ont marqué leur solidarité «indéfectible à la famille de la presse», réaffirmant le préalable de mettre fin au harcèlement de la presse indépendante pour espérer un vrai dialogue avec le pouvoir en place. De son côté, Kaci Ramdane, président de l'Organisation nationale des anciens combattants du Moyen-Orient a appelé «les partis politiques et toutes les associations à s'unir pour constituer une force réelle de résistance pour défendre la liberté et la démocratie».