Le département d'Etat refuse de communiquer sur le sujet, renvoyant aussi aux conclusions d'une enquête qu'a ouverte le FBI. Trois semaines après l'attaque de son consulat à Benghazi et la mort de son ambassadeur en Libye, le département d'Etat américain est sous pression de l'opposition républicaine qui dénonce des failles en matière de sécurité et de renseignement avant l'attentat. L'administration du président Barack Obama, notamment le corps diplomatique dirigé par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, est sous le choc depuis cette attaque perpétrée à Benghazi le jour du 11e anniversaire du 11-Septembre, qui a coûté la vie à l'ambassadeur Christopher Stevens et à trois agents américains. Et à l'approche de la présidentielle du 6 novembre, les démocrates sont brocardés depuis plusieurs jours par les républicains pour avoir constamment changé de version sur l'attaque, d'abord qualifiée de «spontanée» avant d'admettre un «acte terroriste» lié à Al Qaîda. Les républicains ont lancé mardi une nouvelle charge. Un représentant de la Chambre, Darrell Issa, a écrit à Mme Clinton pour exiger qu'elle fasse toute la lumière sur les faits la nuit du drame et sur les conditions de sécurité autour de l'ambassadeur et du consulat avant l'attaque. L'élu affirme que «le poste diplomatique américain en Libye avait plusieurs fois réclamé un renforcement de la sécurité à Benghazi», mais que «Washington n'avait pas accédé à cette demande». Il égrène aussi une liste d'une dizaine d'attaques ou de menaces contre des Américains et des Occidentaux à Benghazi ces derniers mois, dont une bombe contre le consulat américain le 6 juin et un tir de roquette sur un convoi diplomatique britannique cinq jours plus tard. La télévision CNN a également fait grand cas il y a dix jours du journal personnel de l'ambassadeur Stevens que la chaîne a retrouvé dans les décombres du consulat et dans lequel le diplomate exprimait ses craintes pour sa sécurité et redoutait d'être une cible d'Al Qaîda. M.Stevens, mort à 52 ans, était considéré par ses pairs comme un expert de la région, parlant l'arabe et très à l'aise en Libye depuis qu'il avait été envoyé spécial de son pays à Benghazi pendant la Révolution de 2011. Pressée de répondre à l'élu républicain, Mme Clinton lui a assuré par écrit que le département d'Etat «collaborerait» avec lui car «nous voulons tous deux le même résultat: un inventaire complet et précis de ce qui s'est passé et le moyen d'éviter que cela ne se reproduise». Une audition à la Chambre des représentants est programmée le 10 octobre. Parallèlement, la secrétaire d'Etat a mis sur pied une commission qui doit passer en revue, à partir de cette semaine, les mesures de sécurité en vigueur à Benghazi et les renseignements sur l'état de la menace islamiste et terroriste avant l'attaque. Cette commission devra «déterminer si nos procédures et nos systèmes de sécurité étaient adéquats et correctement appliqués et quelles sont les leçons à en tirer pour notre travail dans le monde entier», a expliqué la chef du premier réseau diplomatique de la planète. Dans l'attente, le département d'Etat refuse de communiquer sur le sujet, renvoyant aussi aux conclusions d'une enquête qu'a ouverte le FBI. Ses policiers sont à Tripoli, mais pas encore à Benghazi, selon les autorités libyennes, qui mènent, elles aussi, leurs investigations.