Obama piégé par son challenger républicain Mitt Romney Le président sortant, Barack Obama, a fait un bide lors de son débat (le premier des trois prévus en vue de la présidentielle du 6 novembre) avec le candidat républicain Mitt Romney plus dynamique et plus pugnace. Le président sortant des Etats-Unis Barack Obama, apparemment galvanisé par son revers lors du débat de la veille, est parti à l'offensive jeudi contre Mitt Romney, l'accusant d'avoir menti lors de l'affrontement télévisé dont son adversaire a profité pour se relancer. «Si l'on veut être président, on doit la vérité aux Américains», s'est écrié M.Obama lors de deux discours successifs, à Madison (Wisconsin, nord) après Denver (Colorado, ouest), la ville même où s'est déroulé mercredi soir (jeudi en Algérie) le premier face-à-face des deux candidats à la présidentielle du 6 novembre. «Quand je suis monté sur la scène, j'ai rencontré cet individu très en forme qui prétendait être Mitt Romney. Mais ce ne pouvait pas être Mitt Romney!», a encore dit M.Obama, face à 12.300 personnes à Denver et 30.000 à Madison, dans une université, un chiffre encore jamais vu depuis le début de la campagne. «Qui que ce soit, celui qui était sur la scène (de Denver) hier soir ne veut pas rendre de comptes sur ce que le vrai Mitt Romney a dit depuis l'année dernière, et c'est parce qu'il sait pertinemment que nous ne voulons pas de ce qu'il nous vend», a encore raillé M.Obama à Madison. L'énergie dont M.Obama a fait preuve jeudi contrastait fortement avec sa prestation lors de la soirée de mercredi, qui a notamment été qualifiée de «médiocre» par le journal Politico. Le président a paru éteint, et n'a pas répliqué du tac au tac aux charges de son adversaire. L'un des plus proches conseillers de M.Obama, David Plouffe, a de son côté promis qu'à l'avenir, la campagne démocrate s'ajusterait à la «malhonnêteté» de M.Romney, qu'il a accusé d'avoir menti en rejetant l'idée que la classe moyenne paierait en fin de compte la facture de ses réductions d'impôts pour les sociétés et les plus aisés. «Je pense qu'il est difficile de se rappeler d'une époque dans la politique américaine où quelqu'un, candidat majeur à la présidentielle, a été fondamentalement malhonnête sur des éléments centraux de son programme de campagne», a affirmé M.Plouffe aux journalistes à bord d'Air Force One. Mercredi et jeudi, des médias spécialisés dans la «vérification» d'informations ont en effet noté que M.Romney avait émis certaines assertions hasardeuses mais sans exonérer M.Obama pour autant. Auréolé de son succès, Mitt Romney s'est rendu en Virginie rurale jeudi, dans l'est, avec son colistier Paul Ryan pour une réunion publique dans laquelle il s'est félicité que le débat contre le président ait porté sur le fond. «Lui et moi défendons des visions différentes (...) Il veut un plan de relance, il veut embaucher plus de fonctionnaires, il veut plus d'investissements publics, et bien sûr il veut augmenter les impôts», a-t-il expliqué devant 10.000 personnes, une foule exceptionnellement importante. Son équipe se montrait satisfaite de la performance de mercredi, mais reconnaissait qu'il en faudrait plus pour modifier la courbe des sondages. Quelques minutes avant, la puissante National Rifle Association (NRA), le plus important lobby pro-armes américains avait officiellement appelé à voter pour le duo républicain à la présidentielle, une annonce sans surprise mais qui renforce le credo conservateur de Mitt Romney. Il a aussi choisi la Virginie pour prononcer lundi un grand discours de politique étrangère, un dossier sur lequel le président le domine jusqu'ici dans les sondages. M.Obama devait se rendre à son tour hier en Virginie (est), puis dans l'Ohio (centre), autant d'Etats qui pourraient décider de l'issue de l'élection le 6 novembre, et où M.Romney accusait un retard parfois préoccupant dans les sondages avant le débat.