Le gouverneur de Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne, a été démis de ses fonctions à la suite des troubles qui ont secoué cette région du centre-ouest de la Tunisie depuis des semaines, a rapporté la presse hier. Le chef du gouvernement, l'islamiste Hamadi Jebali, a remplacé Mohamed Néjib Mansouri par Amara Tlijani, qui était jusqu'alors préfet de Kébili (sud). Le préfet de Kébili a été remplacé par Habib Jridi. Economiste de formation et haut fonctionnaire, M.Tlijani a occupé des fonctions dans le secteur du développement régional sous le régime du président déchu Ben Ali (1999-2010). Après la révolution il a été chargé du développement régional à Sidi Bouzid avant de devenir gouverneur de Kébili. Sa nomination intervient après des semaines de tensions, plusieurs manifestations contre la pauvreté, des coupures d'eau et des retards de salaires, ayant été réprimées depuis le mois d'août, notamment dans la ville de Sidi Bouzid. La dernière en date, vendredi, avait réuni un millier de personnes devant les locaux du gouvernorat pour réclamer le départ du préfet accusé d' «incompétence» et qui a dû être évacué de son bureau par la police. Les forces de l'ordre ont dispersé les manifestants à l'aide de balles en caoutchouc. Début octobre, quelques centaines de personnes ont manifesté dans cette ville et des enseignants ont observé une grève pour dénoncer l'arrestation de manifestants. Plusieurs autres localités ont connu des actions similaires. Des habitants et des députés de la région ont aussi observé une grève de la faim pour exiger la libération de manifestants arrêtés à Menzel Bouzaïane et à El-Omarne, des localités proches de Sidi Bouzid. Sidi Bouzid revêt une importance très symbolique en Tunisie en tant que point de départ du soulèvement qui a renversé Ben Ali le 14 janvier 2011, après le suicide par immolation de Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant.