On a beau avoir pour vertus principales la modestie et la retenue, il est difficile de ne pas afficher sa fierté d'Algérien devant une telle annonce. Celle, rendue publique jeudi dernier, de la décision de l'Algérie de prêter au FMI (Fonds monétaire international) 5 milliards de dollars. Un retournement de situation en une seule décennie. Jusqu'à la fin des années 1990, c'était l'Algérie qui sollicitait des prêts du FMI. Nous voilà aujourd'hui créancier de ce même FMI. C'est en avril dernier que «la demande a été faite par le FMI à l'Algérie en tant que pays doté d'excédents financiers pour lui permettre d'accorder des prêts aux pays qui en ont besoin». L'annonce en avait été faite officiellement par notre ministre des Finances, Karim Djoudi, en marge d'une réunion du FMI et de la Banque mondiale. Il avait ajouté que notre pays donnera sa réponse «avant l'assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale prévue en octobre à Tokyo». Ce qui vient d'être fait. L'Algérie avait estimé que ce temps allait lui permettre «d'étudier et d'évaluer dans les détails» la demande du FMI. Mais avant de voir en quoi consiste «l'étude et l'évaluation», il est intéressant de savoir pourquoi ce choix de l'Algérie par le FMI qui doit renflouer ses caisses. D'abord, cette institution internationale a elle-même classé notre pays comme le moins endetté des 20 pays de la région Mena et est le deuxième plus gros détenteur de réserves de change après l'Arabie Saoudite. Vient ensuite, l'Iran à la troisième place. Nous devons notre position à la décision historique du Président Abdelaziz Bouteflika, contre l'avis de bon nombre parmi nos experts faut-il le souligner, qui a décidé, en 2006, le remboursement anticipé de notre dette extérieure. Nous lui devons également d'avoir échappé à la tourmente financière mondiale, par son refus d'engager l'Algérie dans des prises de participations dans le capital des grandes banques internationales préconisées par ces mêmes experts. Chacun a suivi la déconfiture qui a frappé, par la suite, ces grandes banques internationales. Et c'est avec la même prudence que le prêt au FMI vient d'être consenti. Le prêt de 5 milliards de dollars consenti par l'Algérie s'est effectué par l'achat de titres libellés en Droits de tirage spéciaux (DTS) qui ne sont rien d'autre qu'une monnaie créée en 1969 pour remplacer l'or monétaire et dont la valeur est déterminée à partir d'un panel de monnaies qui sont actuellement le dollar américain, la livre sterling, l'euro et le yen. Nous n'allons pas jouer aux experts financiers en allant plus en détails sur la valeur du taux d'intérêt directeur dans les échanges en DTS, sauf pour dire qu'il n'y a pas meilleure garantie. Reste l'impact politique de cette décision de prêt au FMI. La plus évidente est la contribution de l'Algérie aux efforts de redressement de l'économie mondiale en récession notamment chez nos voisins européens. Une autre raison est avancée par des observateurs qui y voient l'opportunité pour l'Algérie de négocier des sièges au conseil d'administration du FMI. Leurs observations se basent sur les réformes des statuts du FMI qui tendent vers un conseil d'administration plus représentatif composé de membres élus en lieu et place des 24 administrateurs représentant tous les Etats membres qui siègent actuellement. Pourquoi pas? Mais déjà c'est avec grand bonheur de voir disparaître le vocabulaire que nous utilisions dans les années 1980 et 1990, fait de remboursement, de réajustement, de re-profilage et d'encours de la dette supérieur à nos recettes. Ce n'est plus qu'un mauvais souvenir pour les Algériens. Il relève désormais de l'histoire qui le disséquera!