Pour la première fois, la Cicb montre du doigt le RCD en le citant nommément. Les graves incidents, qui ont éclaté entre les vigiles du conclave interwilayas et les jeunes venus de Béjaïa, continuaient encore, hier, à alimenter la chronique locale. Des commentaires des citoyens il ressortait une incompréhension totale de ce qui s'est réellement passé, jeudi dernier, à Tizi Ouzou, et ce, malgré la place réservée par les quotidiens à cet événement, mais le traitement fait par les uns et les autres n'a fait qu'aggraver le climat d'incompréhension. La Cicb, partie prenante du conclave entaché, a rendu publique une déclaration dans laquelle elle s'en prend directement au parti de Saïd Sadi, désigné comme «principal relais du pouvoir en Kabylie». Il est, dans ce sens, «actionné par le pouvoir machiavélique pour étouffer la dynamique citoyenne, à un moment déterminant pour le mouvement citoyen», lit-on dans ce document. Pour la première fois, la Cicb montre du doigt le RCD en le citant nommément. Ce dernier est accusé «d'instrumentaliser ses propres militants, appuyés par deux délégués atteints du syndrome de leadership», n'omettant pas au passage de signaler «le concours de quelques correspondants de la presse nationale». La Cicb estime que «ces soi-disant délégués irresponsables n'ont pas hésité à manipuler de jeunes innocents en organisant un guet-apens sur la RN 12 dans le but d'empêcher la continuité du 23e conclave de l'interwilayas». «Une tentative qui a failli coûter la vie à quatre délégués de la Cicb à bord de leur véhicule». La Cicb parle de «deux policiers de la sûreté de Tizi Ouzou parmi les manipulateurs et les manipulés». La Cicb condamne fermement «ces actes de délinquants d'une époque révolue et met en garde quant à toute atteinte morale ou physique à l'encontre de ses délégués, fidèles au sang des 124 martyrs et à l'esprit du mouvement citoyen». A ce propos, la Cicb invite les populations des communes «d'Akbou, d'El-Kseur, de Tinebdar, de Souk El-Thenine et d'Aït R'zine à déjouer l'opération de marchandage du sang des martyrs à des fins électoralistes» et interpelle les coordinations de ces communes «à procéder au remplacement de leurs représentants». Face à l'acharnement de «ces chargés de missions et sales besognes, entretenues par le pouvoir et ses relais», la Cicb réaffirme «son indépendance et son autonomie à l'égard de tous les partis politiques», et reste «fidèle au sang des martyrs et à tous les sacrifices consentis par nos populations, jusqu'à la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur». Contacté par nos soins, dès son retour de Tizi Ouzou, le délégué Farès Oudjedi, membre de la présidence tournante, déclare: «C'est désolant que les dissidents en arrivent à user de violence pour faire valoir leur volonté devant leurs pairs», avant de poursuivre: «Nous étions à l'intérieur de l'établissement en concertation, quand cela s'est produit.» Pour lui, «la riposte des vigiles du conclave s'explique par le recours des manifestants manipulés à l'invective et l'insulte». Le délégué d'Akfadou soutient que «ces incidents sont l'oeuvre de ceux qui ont viré de bord», avant de constater sur un ton interrogatif: «On vient me tabasser à Tizi Ouzou, et après coup, on me demande la réconciliation.» Se montrant rassurant, il informera de la tenue prochaine d'un conclave à Amizour pour débattre des perspectives retenues lors de cette interwilayas. Du côté des dissidents, rien n'a filtré pour l'heure, concernant ces incidents. Ils semblent «toujours sous le choc» car n'ayant pas appréhendé sérieusement «la gravité de leur option», annoncée à grand renfort médiatique.