«Voilà le défi auquel l'Etat et la société sont confrontés et qu'ils sont condamnés à relever, ensemble, pour faire sortir, enfin, les médias de l'audiovisuel de l'ombre vers la lumière.» Badredine El Mili L'Algérie a fêté hier les 50 ans du recouvrement de la souveraineté de la télévision nationale, et à cette occasion, aucune nouvelle annonce sur l'ouverture réelle de l'espace audiovisuel aux privés. L'Algérie, qui avait récupéré le 28 octobre 1962, les clés de la station de la Télévision d'Alger et de la station de Radio France V qui assurait la production du programme français et du programme en langues arabe et kabyle, a, depuis plus de 50 ans, ignoré les nombreuses demandes pour la création de télévisions privées. Et depuis deux ans, des télévisions algériennes émettant de l'étranger sont acceptées et tolérées. Résultat, l'Algérie a passé plus de 30 ans de parti unique et 50 ans de télévision unique. Mais cela risque de changer graduellement. Alors que le ministre de la Communication vient d'être installé, il a un grand défi, celui d'assister à la naissance des premières télévisions privées officielles. Le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, qui fut lui-même cadre de la télévision algérienne, a énormément souffert de l'indifférence de la télévision algérienne, notamment quand il fut membre actif dans le mouvement Wafa, quand il ne cessait pas dénoncer le mauvais traitement qu'accordait la télévision à son parti. La loi sur l'audiovisuel et l'autorité de régulation du secteur sont, de ce fait, une des priorités du nouveau ministre. Son prédécesseur Nacer Mehal, avait annoncé que le projet de loi sur l'audiovisuel sera présenté au gouvernement à la fin du mois d'octobre ou, au plus tard, au début du mois de novembre. Même si le nouveau ministre, a déclaré qu'il poursuivra le travail de son prédécesseur, le projet sera, à coup sûr, dépassé et la loi de l'audiovisuel reléguée à une date ultérieure au moins en décembre ou janvier. Cette remise en cause du secteur a poussé les privés à se lancer dans l'aventure sans attendre l'aval du gouvernement, c'est le cas notamment du groupe Haddad qui a déjà entamé les choses pour lancer sa chaîne Dzairweb Tv. De son côté, El Khabar, qui suit avec grand intérêt l'entrée en matière depuis presque une année de Ennahar TV, Echourouk TV et, plus récemment, Numedia TV, va ainsi lancer sa chaîne de télévision prochainement avec des standards encore plus modernes que ceux qu'offrent les deux autres groupes de presse arabophones. Par ailleurs, Djazairia TV, qui se retrouve dans des difficultés financières, va bientôt se lancer sur le satellite hotbird, afin de cibler la communauté algérienne vivant en Europe. En essayant de croire à la liberté d'expression, l'audiovisuel algérien a perdu espoir de recouvrer sa souveraineté nationale privée, après 50 ans de souveraineté audiovisuelle nationale et une télévision unique. [email protected]