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Voir la Kaâba et... revenir
Publié dans L'Expression le 03 - 11 - 2012

Dans le mot «condamnation» il y a «damner» La juge de Bir Mourad Raïs l'a rappelé à l'escroc aux dépens d'une prétendante au Hadj 2012.
L'escroquerie est devenue banale, à suivre les nombreux procès et poursuites à l'encontre d'escrocs si grossiers lorsqu'ils ne sont pas fins, que l'on devine la sentence à venir sitôt les demandes du représentant du ministère public avancées.
L'escroquerie est un délit fortement combattu avec cette histoire pour les victimes que la loi ne protège pas les naïfs qui n'empêchent pas les juges de frapper fort.
Yasmina Nouiri, la vigilante présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour Alger) a eu à traiter mercredi vers les treize heures tapantes un dossier d'un auteur d'une drôle et «sacrée» escroquerie aux dépens d'une prétendante au Hadj 2012 en quête d'un visa pour les Lieux Saints.
«Où aviez-vous fait connaissance avec la pauvre mère de famille?» demande tout de go la juge au grand gaillard de détenu de cent quatre-vingt-deux centimètres qui est debout à l'intérieur du box des accusés où trois policiers se tenaient prêts à toute éventualité.
Le détenu tente une diversion et commence un récit bancal. Cela suffit pour que la magistrate le somme de cesser les délires et articule:
«Non, cela ne s'est pas passé tel que vous venez de le dire. Vous l'aviez rencontré aux abords de l'ambassade et échangé vos numéros de téléphone. Après quoi, vous l'aviez rappelé en lui proposant un visa pour le pèlerinage! N'est-ce pas?»
L'inculpé est gêné. Il sent que quelqu'un vient de lui ôter sa chemise. Il a froid dans le dos. Ce que la magistrate vient de lui souffler est contenu dans le procès-verbal de son audition où il avait tout raconté avant de rembourser les quarante-sept millions de centimes.
Cette somme ayant été remise par la dame à l'escroc. «C'est fou ce que les gens peuvent être stupides!» s'était exclamée une jeune avocate, en l'occurrence Maître Radia Gherboukha révoltée à double-titre: d'une part par la naïveté des uns et la cupidité des autres. On remet, «comme ça», quarante sept millions de centimes à un inconnu sans prendre de précautions, comme par exemple établir un document prouvant la remise de la somme.
Nouiri, elle, ira plus loin en reprochant à l'escroc de s'en être pris à une mère de famille qui rêvait d'effectuer le meilleur voyage de la vie: aller vers La Mecque.
«Si à la limite, cette personne voulait faire du tourisme, il n'y aurait peut-être pas sujet à se mordre les doigts mais la Kaâba? Oh! y a Allah qu'est-ce qui vous attend le jour du jugement dernier?» a marmonné la présidente qui avait, sans le vouloir, laissé Abderahim Regad, le représentant du ministère public «malmener» l'inculpé détenu autour de ces noires et fâcheuses entreprises d'escroquerie qui ne vont pas toujours vers le couronnement de l'entreprise du gain facile.
Le procureur posera de suite, une après les autres, une dizaine de questions comme celles-ci:
«Est ce que vous dormez bien le soir venu après avoir escroqué quelqu'un?»
L'inculpé baisse la tête. C'était une réponse éloquente et suffisante pour le tribunal.
«Vous vous levez les matins tard et sortez guetter les gens pour les déplumer sans gros risques. N'aviez-vous jamais redouté d'être un jour pris, entendu et puni par la loi?»
Là aussi, le détenu ne prononcera aucun son. Il est incapable d'ouvrir ses lèvres. La durée de la détention préventive, le ratage de la cérémonie des fêtes de l'Aïd El Kébir et des brochettes cuites sur les braises vives, l'ont complètement mis out, voire KO! Qu'est-ce qu'il lui a pris de se rendre coupable d'un forfait commis dans le périmètre de la célébration de la fête du Sacrifice d'Ibrahim El Khalil. Et c'est dans ce contexte que Nouiri ayant appris le Coran parfaitement, allait aligner des versets de l'obéissance du Prophète à Allah, en l'occurrence accepter d'égorger Ismaïl jusqu'au moment où Allah ayant apprécié le dévouement d'Ibrahim et envoya Gibril, un mouton à sacrifier... la suite est connue.
La juge revient au délit en prenant soin de mettre en garde l'inculpé et au passage l'assistance sur le fait que le magistrat n'est pas formé pour être une grosse machine à distribuer des peines.
«Le juge doit aussi saisir au vol toute occasion pour faire dans la pédagogie de l'éducation des justiciables, s'avancer dans le domaine de la prévention et aller jusqu'à décortiquer des versets coraniques car c'est Allah et non l'homme qui avertit les gens.
Durant tout le «prêche» de la juge du siège et alors que Abderahim Regad, ce procureur qui n'hésite pas à demander la relaxe dans des affaires où des ombres et leurs zones subsistent, était tout attentif, comme s'il voulait signifier à l'inculpé le bien-fondé de ce que balançait cette sacrée juge dont les prestations sont appréciées d'un mercredi à un autre.
Il est vrai que cette mère de famille a bien appris au civil avant de se jeter dans le bassin du pénal et Bir Mourad Raïs reste une véritable université d'où sont sortis les Tijani Aïssaoui, Krarcha, Aït Hamlet, Fatiha Brahimi (tiens, tiens!) Sihem Bechiri, Saloua Derbouchi, Mériem Derrar (Ah! Ah!), Kirat Abdenasser Djouadi, Fatima Zohra Alloui, Bouacha, Azizi, Khellafi qui ont tous laissé une excellente impression au moment où ils exerçaient loyalement sans contrainte ni peur de quelque intervention que ce soit. Actuellement les Djamel Gasmi, Zouhir Talbi, Yessaâd, Chebli, Belalta, Mourad Hellal, Amari et autres Regad font ce qu'ils peuvent pour que justice soit rendue.


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