Le maestro Amine Kouider à l'oeuvre Le maestro et son orchestre ont su et pu transmettre à leur public tout un répertoire traditionnel et classique de deux pays voisins, reconnus pour leur riche patrimoine culturel... Le maestro Amine Kouider et son orchestre symphonique «Algérie-France» composé de 50 musiciens ont donné jeudi soir au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, un concert de musique classique et patriotique inédit, dans le but de célébrer l'amitié entre les deux pays et ce, à l'occasion du 58e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne. Le public et les mélomanes algérois ont retrouvé la beauté d'un orchestre symphonique avec un certain amusement et émerveillement. Des yeux écarquillés devant la prouesse de certaines exécutions, un respect monacal face à une harmonieuse combinaison de musiciens venus des deux rives. Amine Kouider a hissé, d'un geste sobre et expressif, le ton pour sa symphonie. «Min jibalina» s'est entamé avec une certaine prudence jusqu'à s'énoncer dans la perfection des assauts de trompettes de Daniel Antony et des claquements de bassons d'Amir Redouane. Un voyage musical entre deux cultures qui s'est poursuivie par une série de chants patriotiques triomphaux avec «Ya Chahid el Watan», arrangé symphoniquement par le chef d'orchestre et le compositeur algérien Smail Benhouhou. Les musiciens de l'orchestre ont également interprété des arrangements des morceaux classiques du patrimoine musical français. La mezzo-soprano Sarah Laulan, et les ondulations charismatiques de sa voix, a interprété avec brio l'opéra tragique en quatre actes de Claude Bizet, «Carmen», inspiré de la nouvelle éponyme de l'auteur français Prosper Mérimée. Ce fut au tour du «Boléro» de Maurice Ravel et son ballet entraînant, conclu par une montée en crescendo, exécuté avec justesse et entrain, d'émouvoir et d'ébloui le public. Une variété étonnante d'instruments créant ainsi une ambiance souveraine et exceptionnelle, exprimée à travers ses plus belles notes, grâce à de prestigieux d instruments combinant avec élégance les sons, à l'exemple des instruments à vent tels que le haut-bois qui a manifesté son charme à travers «La petite suite» de Claude Debussy. Un charme qui a plongé la salle Mufdi-Zakaria du Palais de la culture dans une atmosphère de pure rêverie. L'entrée majestueuse de Noureddine El Hadi au mandole a imprégné la dernière étape du concert, un panorama de la musique algérienne populaire revisité par l'orchestre avec des morceaux comme «Ya Rayeh» du regretté Dahmane El Harrachi ou encore le célèbre «Goumari». Le morceau «Ya Ezzina» de Raïna Raï a clôturé le spectacle dans une ambiance festive marquée par les youyous et les applaudissements d'un public conquis. L'orchestre a trouvé le parfait accord et ce, malgré une petite appréhension de certains musiciens français en vue de reproduire les partitions liées à la musique du patrimoine national. Une prestation rigoureuse et envoûtante doublée d' un jeu intelligent et pointilleux, sous la direction d un chef d'orchestre étincelant de maîtrise. Par sa riche expérience, sa manière unique et personnelle de diriger, le maestro et son orchestre ont su et pu transmettre à leur public leur interprétation talentueuse de tout un répertoire traditionnel et classique de deux pays voisins, reconnus pour leur riche patrimoine culturel. Amine Kouider et son fabuleux orchestre se sont appliqués de toute leur énergie à donner vie aux partitions. La musique ne peut que se révéler meilleure messagère de paix et de réconciliation avec l'appui d'un chef d'orchestre exceptionnel. Seul bémol constaté est que l'orchestre symphonique ne peut se produire qu'en salle d'opéra ou de spectacle mieux équipée, afin de rendre compte de la beauté d'une telle musique. Par ailleurs, un manque d'amplification du son s est fait éprouver, surtout au niveau des dernières rangées de chaises dans la salle où il était quasiment difficile de contempler et d'écouter pleinement l'orchestre et les prestations de sa soprano.