Le président français refuse la création de jours fériés musulman et juif. L'école doit rester laïque. Comme prévu, le président de la République Jacques Chirac a suivi les recommandations de la commission des sages, dite commission Stasi, en faveur d'une loi interdisant les signes «ostensibles» à l'école. (L'Expression du 13 décembre). La nouvelle loi qui sera présentée au parlement au printemps prochain va ainsi proscrire le port du voile, de la kippa et de grandes croix. Elle devrait être appliquée dès la prochaine rentrée scolaire. «En conscience, j'estime que le port de tenues ou de signes qui manifestent ostensiblement l'appartenance religieuse doit être proscrit dans les écoles, les collèges et les lycées publics», a déclaré Jacques Chirac. Les établissements privés restent libres de leurs pratiques. Le président tient à ce que l'école publique reste laïque et pour cela «une loi est nécessaire». Cette loi n'exclut pas cependant «les signes discrets» que sont la main de Fatma ou les petits Corans, les médailles et petites croix, et les étoiles de David. Les organisations religieuses (Conseil du culte musulman, la conférence des évêques, le Conseil juif), les syndicats des enseignants et les organisations féminines n'ont pas réussi à éviter cette issue. Mais le président de la République insiste sur le fait qu'en optant pour une loi, «il ne s'agit pas d'inventer de nouvelles règles ni de déplacer les frontières de la laïcité. Il s'agit d'énoncer avec respect, mais clairement et fermement, une règle qui est dans nos usages et nos pratiques depuis très longtemps.» À ceux qui craignent une «stigmatisation» des musulmans de France, il rappelle que «notre objectif est d'ouvrir les esprits et les coeurs. C'est de faire comprendre aux jeunes concernés les enjeux de la situation et de les protéger contre les influences et les passions qui, loin de les libérer, les contraignent et les menacent.» Le gouvernement est chargé de poursuivre le dialogue avec les autorités religieuses et d'engager une démarche d'explication. Jacques Chirac a lourdement insisté sur la lutte contre l'exclusion: «Je comprends le désarroi des jeunes issus de l'immigration dont les demandes d'emploi passent à la corbeille pour la seule dissonance de leurs noms.» Il a également condamné la discrimination dans l'accès au logement. «Il faut reconnaître ces jeunes dans les droits, mais aussi dans les faits.» Par ailleurs, la proposition de la commission Stasi d'instaurer deux nouveaux jours fériés à l'école, à l'occasion de la fête de l'Aïd El-Kébir et du Yom Kippour, n'a pas survécu. «Je ne crois pas qu'il faille ajouter de nouveaux jours fériés au calendrier scolaire qui en compte déjà beaucoup», a déclaré Jacques Chirac lors d'un discours prononcé à l'Elysée. «De plus, cela créerait de lourdes difficultés pour les parents qui travaillent ces jours-là», a-t-il observé. Le chef de l'Etat a souhaité, «comme c'est déjà largement l'usage, (...) qu'aucun élève n'ait à s'excuser d'une absence justifiée par une grande fête religieuse comme celle de Kippour ou de l'Aïd El-Kebir, à condition que l'établissement en ait été préalablement informé». De même, «des épreuves importantes ou des examens ne doivent pas être organisés ces jours-là». Le désordre introduit dans les hôpitaux par des islamistes «purs et durs» devra aussi disparaître. Plus question de refuser un médecin sous prétexte qu'il est du sexe opposé. Et pour cela, Jacques Chirac veut une loi spécifique pour l'hôpital. «Il faudra que la loi vienne consacrer cette règle pour tous les malades qui s'adressent au service public», a-t-il précisé. Le débat sur le voile aura eu le mérite de laisser s'exprimer tous les points de vue dans un esprit de tolérance absolu. Les musulmans, les agnostiques, les athées...ont joui du principe démocratique qui n'est pas offert à leurs coreligionnaires dans les pays musulmans. C'est grâce à la liberté d'expression, à la République des droits que la France a réussi à faire se parler entre elles des opinions contradictoires, à sauver sa cohésion. Et ce n'est que par la laïcité que les croyances de chacun seront respectées.