Amnesty International (AI) a mis en garde contre les mauvais traitements subis par les étrangers d'Afrique subsaharienne en situation irrégulière en Libye, dans un rapport publié hier. «Les sans-papiers se trouvant en Libye risquent d'être victimes d'exploitation, de placements arbitraires en détention pour une durée illimitée, ainsi que de violences physiques s'apparentant parfois à des actes de torture», écrit l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à Londres. Dans ce rapport intitulé «Nous sommes des étrangers, nous n'avons aucun droit», AI indique que «les étrangers, en particulier ceux originaires d'Afrique subsaharienne, continuent d'être victimes du climat de non-droit régnant dans le pays à la suite du conflit de 2011». Elle souligne que «de puissantes milices armées ont continué à agir en dehors du cadre de la loi» et que «les autorités ont échoué dans le domaine de la lutte contre le racisme et la xénophobie, exacerbés par la certitude, répandue parmi les Libyens, que des +mercenaires africains+ ont été utilisés» par Mouamar El Gueddafi «afin d'écraser le soulèvement de 2011». «Les autorités libyennes doivent reconnaître la gravité des violations perpétrées par les milices et mettre en place des mesures visant à protéger l'ensemble des étrangers de la violence et des abus», a souligné Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe d'AI en Afrique du Nord. L'ONG affirme avoir rencontré quelque 2.700 étrangers entre mai et septembre dans neuf centres de détention, «dont des femmes enceintes, des femmes avec de jeunes enfants et des mineurs non accompagnés», incarcérés pour des «infractions à la législation sur l'immigration». «Un grand nombre de détenus ont montré leurs cicatrices ou leurs Hématomes», écrit Amnesty qui note que «des femmes sont par ailleurs exposées aux violences sexuelles». «Les demandeurs d'asile et réfugiés se trouvant en Libye continuent à faire les frais d'un vide juridique», indique l'organisation, estimant que «les autorités et les milices libyennes n'opèrent pas de distinction entre migrants, demandeurs d'asile et réfugiés». La Libye est un pays de transit et de destination pour des dizaines de milliers d'immigrants africains souhaitant se rendre en Europe.