Le ministre des Affaires étrangères du Niger Mohamed Bazoum a accusé mercredi à Paris l'ancien président du Mali Amadou Toumani Touré , surnommé ATT, de « complaisance » avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), notamment au niveau des prises d'otages. « Amadou Toumani Touré était très fier de se présenter sur son perron avec des otages libérés. Il avait un deal avec Aqmi pour faire en sorte qu'ils aillent les enlever au Niger ou en Mauritanie, et ensuite les libérer au Mali par l'intermédiaire de Iyad Ag Ghali (ndlr, l'actuel chef d'Ansar Dine) », a déclaré M. Bazoum, auditionné à Paris par la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française. « C'est depuis 2002 qu'Aqmi s'est installé dans le nord du Mali. Le gouvernement malien de l'époque a été particulièrement complaisant », a-t-il insisté. Aqmi avait des « relais arabes et touareg dans le circuit de l'administration malienne », a-t-il accusé. Selon lui les autorités maliennes ont reçu des « informations précises du Niger ou de Mauritanie sur les filières d'Aqmi » qui leur auraient permis de « couper leurs routes de ravitaillement ». « Il suffisait de fermer ces routes pour qu'Aqmi s'affaiblisse ». Pour sortir de la crise au nord du Mali, M. Bazoum estime que pendant la préparation d'une intervention militaire, « on peut discuter avec tous les acteurs maliens », comme les islamistes d'Ansar Dine, essentiellement composé de Touareg maliens. Ansar Dine occupe le nord du Mali depuis avril avec les jihadistes surtout étrangers d'Aqmi et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Selon M. Bazoum, le Mujao connait « une situation de crise, est en voie de démobilisation et va vers une scission ». « Pour le reste, Aqmi et les étrangers, on doit les combattre. Ils sont les plus influents car ce sont eux qui contrôlent le trafic de la drogue. Il faut les chasser des montagnes », a-t-il insisté. « Nous voulons faire les choses de façon propre pour que ne subsiste aucun germe du terrorisme dans cette région et ce n'est pas particulièrement difficile », a-t-il jugé. Le président « ATT » a été renversé par un putsch militaire en mars dernier à Bamako.