La capitale des Hammadites occulte ses repères S'il faut chercher une preuve que tamazight n'a été qu'un fonds de commerce politique depuis des années, n'allez pas loin! La réponse se trouve à Béjaïa. La campagne électorale bat son plein à Béjaïa. Les affiches font leur apparition sur les sites d'affichage. Les sorties de proximité se multiplient dans une quête de voix pour accéder aux commandes des collectivités locales. Faire le tour des états-majors électoraux des villes de Béjaïa est assez illustratif de l'état d'esprit de ceux qui aspirent à la gouvernance locale, notamment en matière d'usage des langues, tel que stipulé par la loi électorale. Les permanences poussent comme des champignons depuis l'ouverture de la campagne officielle. C'est très simple. Une table, quelques chaises et des portraits de candidats, le tout sous l'oeil vigilant d'un jeune homme ou d'une jeune fille, incapables de commenter les intentions des candidats figurant sur la liste affichée en matière de programme. Parfois, ils ne savent même pas pour quels partis politiques ils travaillent. Ils se contentent de vous remettre un dépliant, généralement en langue française et où tamazight n'a pas droit de cité. Une cinglante réalité qui n'a de valeur que d'illustrer le décalage de certains partis politiques avec leurs engagements, qui ne datent pas d'aujourd'hui. Ce sont les partis ayant exercé le pouvoir qui font le plus usage de la langue amazighe tandis que ceux qui en ont fait leur cheval de bataille des années durant ne l'évoquent que rarement. Ce qui confirme à bien des égards, que tamazight n'a été qu'une surenchère politique depuis l'ouverture démocratique en 1988. Le FLN et le RND se distinguent par le recours au parler local pour expliquer leurs programmes. Même s'ils ne vont pas jusqu'à écrire les textes dans la langue de Massinissa, dans leurs discours, tamazight est la langue la plus utilisée à côté de l'arabe dialectal. Chez les partis démocratiques, la langue française est devenue une règle immuable. Tamazight ne figure que dans les sigles de ces partis au même titre, d'ailleurs, que les partis de l'ex-Alliance présidentielle. Une entorse à la loi qui ne semble émouvoir personne, y compris la fameuse Commission de surveillance des élections au niveau local. Pourtant, dans une région berbérophone, les programmes transcrits en berbère seraient plus crédibles. Qu'à cela ne tienne! Rien n'est fait dans ce sens. Il en est de même quant à l'intention de travailler, une fois élus, pour tamazight qui, faut-il le rappeler, est une langue nationale. Un statut arraché après de longues luttes parfois dramatiques. L'article 3 bis de la Constitution fait de tamazight «aussi» une langue nationale. Il est donc du ressort des candidats locaux de trouver les moyens à leur portée afin de donner une suite concrète à ce texte de loi. Ils ont la charge de concrétiser d'une manière ou d'une autre cette disposition législative constitutionnelle sur le terrain et la campagne électorale est une opportunité tout indiquée. Dans les programmes, trop peu de choses sont retenues dans l'intérêt de tamazight et de ce qui y a trait, à l'image des projets allant véritablement dans le sens de la promotion des arts et des sciences en relation directe avec tamazight ou encore le soutien aux écrivains, dramaturges et poètes et l'acquisition au bénéfice des bibliothèques communales et scolaires de tous les ouvrages écrits et audiovisuels qui présentent un intérêt culturel minimal... Autant de propositions qui ne peuvent que faire gagner l'estime et le respect aux candidats, notamment ceux qui défendent les couleurs des partis que tamazight a longtemps servis.