Israël a rallumé le brasier proche-oriental par des attaques contre la population ghazaouie. On peut se demander pour quels desseins et objectifs ce soudain retour du bâton. Pourquoi maintenant? De fait, un concours d'événements et principes géostratégiques ont fait agir l'entité sioniste en ce moment et pas à un autre. Sans que cela soit exclusif, on peut retenir au moins trois faits à la base de cette démonstration de force criminelle de l'Etat hébreu contre la population palestinienne de Ghaza: 1) les élections législatives anticipées que Benjamin Netanyahu veut remporter coûte que coûte; 2) la demande d'admission de la Palestine en tant qu'Etat non-membre de l'ONU; 3) tester ses possibilités dans l'éventualité d'une attaque contre les sites nucléaires iraniens. Si tous ces points semblent importants pour Israël, l'admission de la Palestine à l'ONU fait vraiment peur à ses dirigeants et...aux Américains. La démesure des représailles militaires contre les Ghazaouis - Israël utilise l'ensemble de son armement conventionnel, le plus performant du Moyen-Orient - pour se prémunir de tirs de roquettes? La bonne blague, s'il n'y avait au bout du compte ces dizaines de morts innocents. Donc, cette recrudescence de férocité d'Israël n'est pas fortuite - le Premier ministre israélien prévenant même que son pays était «prêt à l'escalade» - et porte en elle un triple message: aux Israéliens qui doivent faire, en janvier, le «bon choix»; aux Palestiniens qui veulent changer la donne politique au Proche-Orient; aux Iraniens enfin. Pour le premier point évoqué, Netanyahu, qui a ostensiblement soutenu la candidature du Républicain Mitt Romney à la présidentielle US, avait besoin d'une nouvelle légitimité afin de «cohabiter» avec le président américain réélu, Barack Obama. Israël a besoin du parapluie américain pour sa protection et son impunité. Donc, le chef du gouvernement israélien veut une solide majorité au Parlement pour pouvoir «traiter» avec le locataire de la Maison-Blanche. Cela au plan interne, mais c'est encore - du moins dans la conjoncture internationale actuelle - la décision du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, de présenter (le 29 novembre prochain) au vote de l'Assemblée générale de l'ONU l'admission de la Palestine qui fait peur à Tel-Aviv. Au point qu'Israël veut fomenter un «renversement» du président Abbas. Aussi, revenons au second point qui est le plus plausible d'avoir suscité l'hystérie d'Israël prêt à faire un carnage à Ghaza pour tenter de freiner, un tant soit peu, la détermination des Palestiniens à recourir à l'ONU. En effet, l'admission de la Palestine à l'ONU en fera un Etat ayant les mêmes droits qu'Israël et avec lequel Israël devra négocier. En fait, cela changera la donne géopolitique du conflit israélo-palestinien. Ainsi: Israël n'occupera plus des «territoires» mais un Etat reconnu par la communauté des Nations. C'est avec cet Etat qu'Israël aura à négocier. Ensuite, la position des Palestiniens (vus comme apatrides) s'améliorera notablement. C'est un Etat, dont le territoire est occupé par des forces armées étrangères qui, dès lors, négociera pour ses droits en conformité avec le droit international, et non plus des «Palestiniens» qui ne représentaient en fait qu'eux-mêmes (cf; la comédie de négociations qui durent depuis vingt ans sans qu'elles aient abouti à une avancée). Les Palestiniens sont dans le vrai, redonner un nom et une visibilité à leurs territoires, mettant de fait au pied du mur Israël et ses soutiens. Israël refuse de cohabiter avec un Etat palestinien, multiplie les colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées, et s'oppose obstinément à l'admission de la Palestine à l'ONU, soutenu par les Etats-Unis, qui avaient les premiers évoqué deux entités (Israël et la Palestine) vivant côte à côte. Le président Obama, qui soutenait cette option est devenu son adversaire le plus résolu sous la pression des lobbies sionistes et pro-israéliens de Washington. Ce qui montre la justesse de la décision palestinienne qui met à nu la mauvaise foi d'Israël et des dirigeants US qui savent bien que la solution réside dans l'avènement de la Palestine dans les frontières de 1967. L'existence de cet Etat n'est pas contestée, y compris par les USA, mais encore faut-il que les uns et les autres soient en cohérence avec la réalité du contentieux israélo-palestinien, unique chance de rétablir paix et sécurité pour les populations du Proche-Orient, y compris les Palestiniens.