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La perspective d'une paix israélo-palestinienne durable s'éloigne Tel-Aviv refuse toujours un gel total de ses colonies sur les territoires palestiniens occupés
L'émissaire spécial américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, entamera d'ici la fin de la semaine une nouvelle tournée régionale pour tenter de relancer les pourparlers israélo-palestiniens autour du processus de paix. Il tentera encore de convaincre le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu de stopper la colonisation dans les territoires palestiniens occupés. L'arrêt de celle-ci constitue la condition préalable, posée par l'Autorité palestinienne, pour la reprise des négociations. Mais d'ores et déjà cette tournée de l'émissaire spécial de Barack Obama sent l'échec. Et ce sont les derniers événements qu'a vécus la région qui prédisent cette amère réalité. Car, tout en annonçant la mise en application d'un moratoire de dix mois concernant le gel de la colonisation, le gouvernement israélien autorise parallèlement le lancement de nouveaux projets immobiliers à travers plusieurs localités de la Cisjordanie occupée. Il s'agit de la construction de nouveaux logements, de blocs administratifs et d'autres infrastructures qui jettent les bases de futures villes israéliennes, sur des terrains que les accords d'Oslo de 1993 avaient attribués à ce qui allait devenir aujourd'hui l'Autorité palestinienne. Le moratoire proposé par l'Etat sioniste a été rejeté par l'Autorité palestinienne, conduite par le président du Fatah, Mahmoud Abbas. Ce dernier insiste sur l'arrêt total de la colonisation pour reprendre une quelconque discussion avec un gouvernement israélien contrôlé par une classe politique plus encline à faire la guerre qu'à ouvrir la voie à une paix durable avec les Palestiniens. Dimanche dernier, le président de l'Autorité palestinienne a rendu public un communiqué qu'on peut qualifier de réponse à la récente déclaration de la secrétaire d'Etat américaine, Hilary Clinton, qui a prôné une reprise des pourparlers en mettant en veilleuse la question de l'arrêt de la colonisation. Mahmoud Abbas refuse en fait de céder sur ce point malgré les pressions américaines dont la fermeté de discours n'est jamais accompagnée d'actions concrètes sur le terrain. Pourtant, il suffit que Washington décide de suspendre son soutien financier pour que Tel-Aviv se retrouve contraint de consacrer ses finances à d'autres actions plus urgentes que le financement des projets de colonie dans des territoires palestiniens, dont certains ont été réoccupés bien après la poignée de main entre les défunts président Yasser Arafat et Premier ministre israélien Itzhak Rabin. La stratégie israélienne est pourtant bien connue de tous : gagner du temps en faisant semblant de vouloir relancer les discussions et d'étudier toutes les propositions pour aboutir à la paix. Or, tout le monde sait qu'il n'y a qu'une situation de guerre permanente contre les Palestiniens qui peut détourner l'attention de l'Autorité palestinienne et de la communauté internationale sur les projets d'expansion israéliens. L'Etat sioniste profite aussi des dissensions inter-palestiniennes pour justifier son refus du dialogue puisque, d'un côté, il refuse de discuter avec le Hamas qu'il considère comme une organisation terroriste, et, d'un autre, il essaye de délégitimer Mahmoud Abbas en réduisant sa représentativité au simple Fatah. Tel-Aviv se sert de ses relais médiatiques en Israël et à l'étranger pour éliminer tout négociateur potentiellement nuisible à sa politique de colonisation destructrice et génocidaire. Là aussi, le gouvernement sioniste joue la carte du temps. Sa diplomatie, très active, fait le reste pour lui soigner son image à l'étranger, bien que, depuis la guerre d'agression qui a coûté la vie à au moins 1 400 civils palestiniens à Ghaza en décembre et janvier derniers, la communauté internationale ait pris conscience de la sauvagerie de Tel-Aviv. L'enquête de l'ONU qui a accusé ouvertement Israël de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité dans la bande de Ghaza a montré de quoi est capable un Etat. La pérennité de l'Etat sioniste dépend en fait de sa capacité à inventer des ennemis sur mesure pour entretenir une situation de tensions aussi bien avec les Palestiniens qu'avec ses voisins libanais et syrien. Comptant sur l'appui des Américains et des capitales occidentales pour exercer une forte pression diplomatique sur les gouvernements de la région du Proche-Orient, Israël empêche par tous les moyens la création d'un Etat palestinien indépendant, fort et souverain. La bataille autour du contrôle des ressources naturelles et hydrauliques constitue aussi l'une des faces cachées de l'extension des colonies israéliennes. Sinon, à quoi servirait le maintien de forces armées du Tsahal sur le plateau du Golan, appartenant initialement à la Syrie, si ce n'était l'accaparement de l'eau du fleuve du Jourdain qui constitue lui aussi l'une des sources du conflit israélo-arabe et pas seulement avec la Palestine. L'existence d'un bassin aquifère souterrain sous la Cisjordanie, connu pour la bonne qualité de son eau, et d'un autre bassin côtier reposant en partie sous la bande de Ghaza attire les convoitises des Israéliens qui pillent l'eau tranquillement et laissent mourir de soif des millions de Palestiniens. C'est pourquoi le maintien du statu quo qui marque les relations israélo-palestiniennes depuis quelques mois profite plus à Tel-Aviv qu'à l'Autorité palestinienne, en proie à un conflit politique aigu entre le Fatah et le Hamas depuis les législatives de 2007. Il est à rappeler que, depuis cette année, la bande de Ghaza est passée sous le contrôle total du Hamas après une violente guerre fratricide avec le gouvernement palestinien contrôlé par le Fatah de Mahmoud Abbas. Donc, seule la réconciliation inter-palestinienne peut renverser la vapeur en faveur d'une reprise sérieuse des discussions autour d'un processus de paix qui a volé en éclats il y a un an. En d'autres termes, tout prédit un énième échec de la tournée régionale de George Mitchell qui se déplacera aussi pour vendre le nouveau plan de paix américain prévoyant le règlement du conflit dans une période qui ne dépassera pas les deux ans. L. M.