La Turquie demande des missiles Patriot (photo) l'Allemagne estimant la demande d'Ankara «prioritaire» Ankara devait formaliser dès hier sa requête à l'Otan, mais celle-ci n'avait pas encore été déposée à la mi-journée, selon l'Alliance atlantique. La Turquie s'apprêtait hier à demander à l'Otan de déployer des missiles Patriot le long de sa frontière avec la Syrie, alors que les ministres européens débattaient à Bruxelles d'une stratégie commune pour soutenir la nouvelle Coalition de l'opposition syrienne. Ankara devait formaliser dès hier sa requête à l'Otan, mais celle-ci n'avait pas encore été déposée à la mi-journée, selon l'Alliance atlantique. «La Turquie n'a pas déposé de demande formelle, mais si elle le fait, elle sera considérée comme prioritaire», a déclaré le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, à son arrivée à une réunion des ministres européens de la Défense à Bruxelles. Il a rappelé que l'alliance, dont la Turquie est l'un des 28 membres, avait «tous les plans nécessaires pour défendre si nécessaire» ce pays. «La Turquie peut compter sur la solidarité» de ses alliés, a-t-il insisté. Les Patriot pourraient être mis à disposition par l'Allemagne et les Pays-Bas, les deux principaux pays européens à posséder ces missiles sol-air à moyenne portée. Fabriqués par le groupe américain Raytheon, ces armements avaient déjà été déployés par des pays membres de l'Otan en Turquie en 1991, pendant la guerre du Golfe, puis en 2003 lors de la guerre contre l'Irak. Le ministre allemand de la Défense, Thomas de Maizière, a indiqué s'attendre à une demande officielle de la Turquie ce lundi (hier). Si c'est le cas, l'Allemagne «l'évaluera» de manière «ouverte et solidaire» avec Ankara, a-t-il précisé. Le renforcement des défenses antiaériennes de la Turquie est discuté depuis plusieurs mois entre les autorités turques et leurs alliés de l'Otan, Etats-Unis en tête. Cette perspective est devenue plus probable lorsque des tirs d'obus syriens ont touché des localités proches de la frontière, dont l'un a tué cinq villageois turcs. Pour faire face à cette menace, la Turquie a progressivement renforcé ces derniers mois son dispositif de sécurité, déployant des chars et des batteries de missiles antiaériens à courte portée le long de la frontière. Sur le terrain en Syrie, combats et bombardements se poursuivaient hier, en particulier à Damas. Les rebelles se sont emparés d'une importante base d'artillerie près d'Alep (nord), la «Base 46», selon une source militaire qui a évoqué une attaque «d'une très grande ampleur». Le dossier syrien était également au menu hier après-midi de la réunion des ministres européens des Affaires étrangères, qui pourraient débattre de l'éventualité d'une levée de l'embargo de l'UE sur les armes en Syrie, défendue par Paris. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a dénoncé «l'approche militaire» des Occidentaux et mis en garde contre le risque de voir «Al Qaîda et des groupes extrémistes prendre le pouvoir» grâce à ces armes. Paris va également tenter de convaincre les autres capitales européennes de reconnaître la Coalition de l'opposition comme unique représentante légitime du peuple syrien. Plusieurs pays sont réticents, malgré les gages données par la Coalition qui s'est engagée à inclure «toutes les composantes» du pays. «La France a pris ses responsabilités et, comme souvent, elle sera suivie par les autres», a déclaré le ministre français Laurent Fabius à son arrivée à Bruxelles. Dimanche, le gouvernement syrien avait qualifié d'acte «hostile» la décision de Paris d'accueillir un «ambassadeur» de la Coalition.