Le 29 novembre 2012, les Algériens sont appelés à élire les cadres municipaux et de wilaya. Qui sont ces cadres et, singulièrement, qui sont ces présidents des Assemblées populaires (APC et APW) appelés à gouverner la commune et la wilaya? Des administrateurs? Cela ne semble pas être le cas dès lors que le Code communal donne la primauté à l'administration (secrétaires généraux des communes, chefs de daïras, walis). Evidemment, il est question de prérogatives et en particulier de prérogatives qui doivent échoir au maire (le P/APC). Or, le maire, élu au suffrage universel, a moins de pouvoir que le secrétaire général de l'APC désigné par l'administration. On a beaucoup parlé ces derniers temps des prérogatives du maire mais de façon périphérique sans réel impact sur le fond de la question. Il semble ainsi que les commentateurs soient passés à côté du sujet, en tout état de cause à côté de l'essentiel. En effet, Mme Hanoune met le doigt sur la plaie sans pour autant aller au fond des choses lorsqu'elle estime que «la commune est comme un petit Etat avec son exécutif et son législatif, donc, les élus doivent avoir plus de prérogatives» estime-t-elle. En fait, le maire est en quelque sorte le «chef de gouvernement» de ce «petit Etat». Mais un gouverneur sans pouvoir car délesté de la dimension politique de la fonction. C'est d'autant plus inconcevable que le maire et/ou l'élu municipal et de wilaya, peuvent postuler (dans des élections indirectes) au poste de sénateur au Conseil de la nation. Une responsabilité éminemment politique s'il en est dès lors que celui-ci est appelé à légiférer et à voter des lois. Comment peut-il comprendre et adopter des lois s'il n'a pas l'aptitude intellectuelle pour ce faire et s'il a été confiné à la réfection des trottoirs et à la surveillance des délinquants? C'est la raison pour laquelle tout candidat à la présidence de l'APC doit être un politique, en fait. Ainsi, nombre de dirigeants de partis politiques se sont étendus, lors de ces deux dernières semaines de campagne électorale, sur les prérogatives du maire critiquant le nouveau Code communal qui les aurait encore réduits, selon eux. Il y a, toutefois, un hiatus dès lors qu'aucun «leader» politique, à ce que l'on sache, n'est candidat à la gestion d'une commune. Comment peuvent-ils discourir d'une chose qu'ils ne connaissent pas dont ils n'ont pas l'expérience: gérer une commune? Il leur appartenait de donner l'exemple, en allant au charbon, pour mieux exiger la réévaluation de la fonction du premier magistrat de la commune afin de redonner toute sa signification à la fonction de maire. Ce n'est pas avec des discours politiques creux, sans rapport avec la prise en charge d'une unité territoriale, que les «politiques» vont convaincre qu'ils savent de quoi ils parlent. C'est d'autant plus vrai que la qualification même de «président» d'APC est surfaite dès lors que ce «président» de pacotille n'a aucun pouvoir sur la commune qu'il est censé diriger. En fait, pour dire les choses de façon claire et mesurée, le «maire» algérien est maintenu dans l'immaturité politique solidement encadré par le secrétaire général de l'APC, le chef de daïra et le wali. Un triumvirat dont les pouvoirs, si cela se pouvait, ont encore été élargis par les dispositions du Code de la commune de 2012. En d'autres termes, le maire algérien n'a toujours pas l'indispensable dimension politique et encore moins de (vrai) pouvoir lui conférant le statut d'homme d'Etat. Or, c'est dans la gouvernance communale que l'homme politique acquiert l'expérience politique et de gestion nécessaires le qualifiant à des missions autrement plus gratifiantes à la tête de ministères, de chefferie du gouvernement, voire à la présidence de l'Etat. Des objectifs non seulement hors de portée du maire algérien mais qui lui sont fermés du fait même du fonctionnement propre au système politique algérien fondé sur la centralisation du pouvoir qui laisse peu de place aux initiatives locales de gestion et de développement. En fait, tant que le statut du maire algérien n'est pas abordé sous l'angle de la responsabilité politique et juridique, les choses resteront en l'état et le maire algérien continuera à demeurer un personnage mineur dans la hiérarchie de l'Etat.