A moins de deux mois des élections municipales et de wilaya, une question récurrente revient comme un leitmotiv: mais qui êtes-vous donc M.le Maire? En effet, qui est cet homme appelé chez nous «Président» de l'Assemblée populaire communale (P-APC)? Plus prosaïquement, M. le Maire. Mais quid du poste en Algérie? En effet, le maire en Algérie est cet homme hybride qui n'est ni un politique, ni un manager. Alors qui est-il? Quel rôle lui est attribué dans la gestion de son territoire municipal? C'est en fait la question constante qui se pose, que l'on se pose, à l'approche de chaque scrutin communal sans que, pour autant, apparaisse un début de réponse à une problématique qui conditionne la gouvernance municipale. En fait, le problème n'est pas exclusivement de forme, il est en fait politique pour le bon fonctionnement de la commune, et la gestion des affaires publiques. Ce qui n'échappe à personne est que le maire - donc le président de l'Assemblée populaire communale - est, en théorie, le gouverneur-gestionnaire d'une unité territoriale, la commune pour une période donnée à l'issue de laquelle il remet en jeu son mandat. Effectivement, le maire est le «président» d'un territoire appelé «commune». Imagine-t-on un président de la République dépourvu de prérogatives, singulièrement politiques, pour gérer un Etat? Or, la théorie et, surtout, la pratique ont codifié la fonction du premier responsable de la commune lequel est dans le même temps gestionnaire et homme politique responsable de sa gestion devant les citoyens qui l'ont élu. Pour dire que le maire est un personnage-clé dans tout système politique et sa fonction ne saurait se réduire à celle d'agent communal ou d'exécution. Cela n'a simplement pas de sens. Ailleurs dans le monde, la gouvernance municipale forge l'homme et lui ouvre la voie à une carrière politique. En fait, la mairie reste le tremplin stratégique pour le décollage d'un tel dessein politique et pour satisfaire des ambitions politiques nationales. Ainsi, nombreux sont les maires qui ont eu la charge de la magistrature suprême. Cette voie semble à jamais fermée aux maires algériens. En effet, le maire en Algérie est dépourvu de pouvoir et de l'autonomie (politique et budgétaire) lui donnant d'agir en temps et lieu pour le plus grand bien de la commune qu'il gère. Cette situation d'ambivalence entrave dans une large mesure son travail, d'autant que juridiquement et politiquement ses moyens d'agir sont restreints. Or, le peu de pouvoir dont dispose le P-APC ayant encore été érodé par le nouveau Code communal, cela réduirait davantage les capacités du maire jusqu'à en faire un simple exécutant devant recevoir l'approbation de l'administration (chef de daïra ou wali) pour toute initiative prise au nom de la commune. Or, placer le président de l'Assemblée populaire communale sous une tutelle administrative est, à tout le moins, une hérésie. Un responsable, quelle que soit la nature de ses responsabilités, privé d'initiatives et de prérogatives liées à sa tâche ne peut, c'est évident, mener à bien sa charge. Il est vrai aussi que les dysfonctionnements des APC, les innombrables scandales qui ont émaillé la gestion des communes algériennes, l'implication de nombreux élus dans ces affaires, parmi lesquelles des présidents d'APC, n'ont pas permis de donner une visibilité au maire en Algérie. En fait, l'image du maire est très négative et ne plaide pas pour son action au niveau des communes qui souffrent d'un quasi-abandon de la part de leurs édiles. Cependant, ce n'est pas en minimisant le rôle du maire et/ou en le plaçant sous tutelle que l'on va améliorer la gestion des municipalités algériennes. Il s'agit donc de trouver un juste équilibre entre les missions du maire et le bon fonctionnement de la machine municipale. Reste un aspect peu évoqué et pour cause: la rémunération du maire algérien. Voilà un secret bien gardé. Mais tout finit par se savoir, sauf que l'on ne voit pas des maires faire grève ou réclamer une augmentation de salaire. Sans assise politique, faux gestionnaire, salaire aléatoire. Il n'est guère facile d'être maire en Algérie. Ceci explique sans doute cela.