Quel rôle pour le maire en Algérie? C´est la question récurrente qui se pose, que l´on se pose, sans que, pour autant, apparaisse un début de réponse à un questionnement qui conditionne la gouvernance municipale. En fait, le problème n´est pas exclusivement de forme, il est en fait, de pouvoir pour le bon fonctionnement de la commune, et la gestion des affaires municipales. Ce qui n´échappe à personne c´est que le maire - ou le président de l´Assemblée populaire communale, sa désignation officielle en Algérie - est, en théorie, le gouverneur-gestionnaire d´une unité territoriale, la commune pour une période donnée à l´issue de laquelle il remet en jeu son mandat. Effectivement, le maire est le «président» d´un territoire appelé «commune». Imagine-t-on un président de la République dépourvu de pouvoirs pour gérer un Etat? Or, la théorie et, surtout, la pratique ont codifié la fonction du premier responsable de la commune lequel est dans le même temps gestionnaire et homme politique responsable de sa gestion autant devant les citoyens qui l´ont élu que devant les autorités de la République qu´il représente. Pour dire que le maire est un personnage-clé dans tout système politique et sa fonction ne saurait se réduire à celle d´agent communal ou d´exécution. Cela n´a simplement pas de sens. Ailleurs dans le monde, la gouvernance municipale forge l´homme et lui ouvre la voie à une carrière politique. Nombreux sont ainsi les maires qui ont eu la charge de la magistrature suprême. Cette voie semble à jamais fermée au maire algérien. En effet, le maire en Algérie est de fait dépourvu du pouvoir et de l´autonomie (politique) lui donnant d´agir en temps et lieu pour le plus grand bien de la commune qu´il gère. Cette situation d´ambivalence entrave dans une large mesure son travail, d´autant que juridiquement et politiquement ses moyens d´agir sont restreints. Or, il semble que le nouveau Code communal réduirait encore davantage les capacités du maire jusqu´à en faire un simple agent communal, devant recevoir l´approbation de l´administration (chef de daïra ou wali) pour toute initiative prise au nom de la commune. Or, le statut du maire lui fait porter deux «casquettes»: celle de représentant de l´Etat au niveau de la commune et représentant des citoyens de la commune auprès de l´exécutif. Dès lors, placer le président de l´Assemblée populaire communale, sous une tutelle administrative est, à tout le moins, une hérésie. Un responsable, quelle que soit la nature de ses responsabilités, privé d´initiatives et de prérogatives liées à sa tâche ne peut, c´est évident, mener à bien sa charge. Il est vrai aussi que les dysfonctionnements des APC, les innombrables scandales qui ont émaillé la gestion des communes algériennes, l´implication de nombreux élus dans ces affaires, parmi lesquelles des présidents d´APC, n´ont pas permis de donner une visibilité au maire en Algérie. En fait, l´image du maire est très négative et ne plaide pas pour son action au niveau des communes qui souffrent d´un quasi-abandon de la part de leurs édiles. Cependant, ce n´est pas en minimisant le rôle du maire et/ou en le plaçant sous tutelle administrative que l´on va améliorer la gestion des municipalités algériennes. Il s´agit donc de trouver un juste équilibre entre les deux missions du maire pour permettre à la machine municipale de fonctionner. En effet, partout dans le monde le premier responsable de la municipalité est un homme politique, alors qu´en Algérie son statut est confiné au rôle d´agent communal. Ceci explique sans doute cela.