Tout semble indiquer, après l'important accord auquel sont parvenues samedi, les deux parties soudanaises, que la paix est proche. La plus longue guerre civile connue en Afrique - elle a été déclenchée en 1983 par le Spla (Armée populaire de libération du Soudan) sous la direction de son chef charismatique John Garang, et qui a occasionné la mort de 1,5 million de personnes et le déplacement de quatre millions d'autres - semble sur le point de connaître, enfin, son terme. En effet, sous la pression, il est vrai, de la communauté internationale, et des Etats-Unis singulièrement, les parties soudanaises en belligérance se sont astreintes à se mettre autour d'une table et à négocier sérieusement une paix profitable, avant tout, au peuple soudanais déchiré par la guerre civile qui sévit depuis 20 ans. Cette évolution positive, dans l'abord de la problématique soudanaise, a été rendue possible dès lors que les deux parties en conflit ont constaté l'impasse où elles se sont fourvoyées ces dernières années alors que le temps, et l'environnement international, ne jouent plus ni pour le gouvernement de Khartoum, ni pour les rebelles du Spla. Après l'échec, ces deux dernières années de plusieurs rencontres initiées notamment par le Kenya, -pays voisin et hôte des négociations intersoudanaises-, le round ouvert depuis le 7 décembre est sur le point d'aboutir à une conclusion positive après l'annonce, par le médiateur kenyan, de l'accord sur le partage des richesses auquel sont parvenus, dans la soirée de samedi, les représentants de Khartoum et de la rébellion. De fait, ce point crucial - existence du pétrole dans la région du Sud qui permet au Soudan de produire quelque 300.000 barils/jour - constituait l'un des points d'achoppement des négociations. L'accord intervenu sur cette question lève ainsi l'hypothèque sur les autres volets en litige et encore en discussion tel celui concernant des trois provinces contestées du Sud-Soudan. C'est le ministre kenyan des Affaires étrangères, Kalonzo Musyoka, qui annonça la nouvelle en déclarant dans la soirée de samedi à la presse «On m'informe qu'ils se sont mis d'accord sur le partage des richesses», accord confirmé par un délégué du Spla qui a indiqué «Il y a eu accord sur le partage des richesses, mais nos responsables travaillent aux derniers détails». Cet accord devait, en principe, être signé hier à Naivasha, ville kenyane, siège des négociations intersoudanaises. Dès le moment où, le 8 décembre, le Spla choisit d'installer une délégation permanente à Khartoum, il est devenu évident que, cette fois-ci, les frères ennemis soudanais, qui ont souvent reculé, ne pouvaient plus tergiverser en allant au fond des choses, pressés qu'ils étaient de conclure par les Etats-Unis. Ce qui fit dire au chef de la diplomatie américaine, Colin Powell, son espoir de voir le contentieux intersoudanais réglé au plus tard le 25 du mois en cours. Colin Powell a ainsi confié aux journalistes qu' «il existe un réel désir de conclure et l'espoir de terminer tout cela avant la fin de l'année et même avant Noël (cf : mercredi prochain)». Et le diplomate américain de préciser «J'ai été en contact avec les parties au cours des dix derniers jours et je suis optimiste quant à la possibilité de parvenir à un règlement global d'ici à la fin du mois». Il est vrai que Washington a fait ce qu'il fallait pour accélérer les négociations d'une part, pour s'assurer de leur aboutissement d'autre part. Le président Bush a même appelé le président soudanais Omar Hassan El Béchir et le chef de la rébellion, John Garang, leur proposant que «la cérémonie de signature d'un accord de paix (...) se déroulera à Washington». Lors de cet appel, le président américain a convié, selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Scott McClellan, les parties à faire «preuve de souplesse», indiquant : «Le président (Bush) a appelé les deux parties à faire preuve de souplesse pour résoudre leurs dernières divergences et de faire les derniers pas pour conclure un accord de paix juste et exhaustif.» Notons que ces ultimes négociations inter-soudanaises sont menées par le vice-président soudanais Ali Osman Taha et le chef de l'Armée populaire de libération du Soudan, John Garang.