«Les Tunisiens djabouni oua laabouli tchakchika» Rouiched après l'échec de sa «non-consécration» à Carthage Une nouvelle fois le cinéma algérien est injustement écarté du succès. Après la déconvenue au Festival d'Abou Dhabi, c'est aux Journées cinématographiques de Carthage que le cinéma algérien a vécu une nouvelle déconvenue. Malgré son succès lors de sa présentation, le film de Rachid Benhadj Parfums d'Alger est reparti bredouille. Même cas pour le film de Merzak Allouache Le Repenti, dont l'équipe technique a choisi d'aller à Doha pour récupérer un prix qui était prévu à l'avance depuis une année. Le Maghreb ne sourit pas aux cinéastes algériens. Après avoir été écartés par les Marocains, ils sont marginalisés par les Tunisiens et jalousés par les Egyptiens. Pauvres cinéastes algériens! Ils sont partagés entre la culture algérienne, le butin de guerre français et la civilisation arabe. Et dans tous les cas de figure, ils doivent se battre pour imposer leurs oeuvres et faire avancer leurs idées. Le tout sans lobbying ni travail de coulisses. A Tunis, malgré la proximité, la distance et surtout le rapprochement culturel, les Algériens ont été une nouvelle fois injustement mis à l'écart. Une nouvelle fois les JCC de Tunis ont déçu certains professionnels algériens par la mise à l'écart de leurs films du palmarès. Certains producteurs et réalisateurs algériens qui connaissent les rouages des JCC, se méfient du rendez-vous tunisien. Certains ont même préféré déjà ne pas programmer leur film dans ce festival régional qui risque de casser la carrière des grands films magrébins promis à d'autres festivals arabes plus prestigieux. C'est le cas du film Zabana! de Saïd Ould Khelifa en 2012 et de Hors-la-loi de Rachid Bouchareb en 2010. Depuis 1966, seulement sept cinéastes algériens ont gagné un des trois Tanit du JCC. Merzak Allaouche, qui est reparti bredouille de Tunis, avait gagné deux Tanit d'or avec les films Les Aventures d'un héros et Salut Cousin. Mohamed Lakhdar Hamina, qui a vécu en Tunisie durant la Guerre d'Algérie et qui connait bien le créateur des JCC, n'a jamais présenté ses films à Carthage. A Tunis, pour avoir un prix il faut appartenir à une certaine «caste», connaître certains responsables du festival et surtout partager certains idéaux pro-coloniaux. Mais les JCC restent toujours collées à leur maître, le Festival de Cannes. Comme Marrakech, les Journées cinématographiques de Carthage, n'ont pas acquis leur indépendance éditoriale et cinématographique. Tous les films africains qui ont été récompensés à Tunis sont passés par ce prestigieux festival. Il y a quelques années, le grand comédien Rouiched a été détrôné par l'enfant-comédien-amateur du film de Farid Boughedir Halfaouine. L'affaire avait fait grand bruit et alimenté les commérages entre les cinéastes algériens et tunisiens. Deux années plus tard, un réalisateur algérien qui a été invité pour présenter son film a conditionné sa présence par l'organisation d'un hommage à la mesure de la grandeur du comédien algérien, ce qu'il obtiendra. Mais depuis, Carthage ne sourit pas aux Algériens et cela malgré la qualité de leurs oeuvres. [email protected]