«Pourquoi établir toute une loi alors qu'un simple conseil économique suffirait à baliser les contours d'une coopération?» Faut il réviser la fameuse loi sur l'investissement des 49/51%? Telle est la question, ou plutôt la nouvelle qui court sur la place d'Alger. A en croire les observateurs, ce sujet qui investit soudainement l'actualité nationale, témoigne, on ne peut mieux, du changement de cap politico-économique amorcé par l'actuel premier ministre, Abdelmalek Sellal. Il intervient alors que le rapprochement algéro-français se ravive, de manière presque fusionnelle. Rappelons, en effet, que la possible correction de tir portant sur la loi des 49/51% vient d'être évoquée à la faveur de l'escale algéroise de «Monsieur Algérie», M.Jean-Pierre Raffarin. Le pressentiment d'un éventuel changement a, en tout cas, été renforcé par la déclaration de M.Rahmani qui a affirmé, bien que non explicitement, que bien des verrous allaient sauter afin de baliser la coopération entre les deux rives. L'on reconnaît finalement au responsable algérien le mérite d'avoir osé casser un tabou. L'enthousiasme de M.Rahmani aura été largement partagé par l'émissaire français qui a appelé au respect des loi algériennes en vigueur. Les spécialistes, proches du dossier, à l'instar de M.Abderrahmane Mebtoul, parviennent à décortiquer bien des messages émis par les deux officiels. Ainsi, M.Mebtoul qui se confie à L'Expression, exprime son soulagement de voir enfin le chapitre de l'investissement, version partenariat franco-algérien, en particulier, et étranger, en général, enfin abordé. «C'est un grand pas de franchi!» ajoute-t-il, tout en saluant le courage de M.Rahmani. Revenant sur le legs de Ouyahia, c'est-à-dire la loi des 49/51%, il mentionne un vice. Ce dernier serait d'avoir justement érigé le texte (49/51%) en loi. M.Mebtoul insiste à la faveur du réajustement qui se profile sur la nécessaire attitude de souplesse que devrait, désormais, adopter l'Etat algérien en matière de partenariat économique et commercial. Une attitude qu'il devrait afficher en jouant sur les paramètres techniques. Il n'omet pas, bien entendu, d'appeler à sauvegarder la souveraineté nationale en toute circonstance. «Pourquoi établir toute une loi alors qu'un simple conseil économique suffirait à baliser les contours d'une coopération?» s'interroge notre vis-à-vis en s'appuyant sur l'expérience concluante de quelques pays. «Je milite pour la préservation des secteurs stratégiques tout en invitant à l'assouplissement du cadre réglementaire en matière d'investissements et de partenariat étranger», souligne-t-il, en livrant des formules salvatrices. «La règle des 49/51% généralisée à tous les secteurs, n'est-elle pas un obstacle majeur aux investisseurs étrangers, soucieux de s'implanter à moyen terme et de contribuer à la valeur ajoutée interne et ce, grâce à un partenariat public/privé international, ou privé algérien/ privé étranger? En dehors des hydrocarbures à l'amont, le bilan de l'investissement productif est bien maigre pour l'Algérie, selon toutes les statistiques internationales.» conclut M. Mebtoul, en sa qualité d'expert international en management stratégique. Son analyse garde intacte la notion de souveraineté, chère à tous les apôtres de la toute puissance nationale, à l'instar de Louisa Hanoune (secrétaire générale du Parti des travailleurs) et qui a rendu grâce au chef du RND pour avoir établi la règle des 49/51%. M.Abdelmalek Serrai, expert international, rebondit également sur le thème précis de la souveraineté nationale en affirmant de plus belle que la règle des 49/51% est appelée à être réaménagée tout en s'imposant dans les secteurs économiques de souveraineté! Selon lui, l'émergence du débat sur ladite loi est le fait de «pressions». Ce lobbying acharné en vue d'anéantir quasiment ce texte que d'aucuns qualifient de frein à l'investissement, serait l'oeuvre de quelques privés algériens qui auraient de gros intérêts avec leurs partenaires français. M.Serraï n'occulte pas dans son décryptage la dimension politique dans la coopération franco-algérienne. «Nous sommes pour une coopération équilibrée, pour un flux dans les deux sens et un véritable transfert de technologie. Toute coopération juste a pour souci premier le respect de la liberté de circulation des personnes.» Pour M. Serraï, «corriger l'attitude politique» serait le préalable à tout réaménagement de la loi sur la coopération. En tout état de cause, la visite de Raffarin et bientôt celle de Hollande à Alger, charrient un changement. Ce dernier risque de bousculer bien des certitudes pour ce qui est de la chose économique et de sa gestion et ce, au nom du sacro-saint rapprochement algéro-français.