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"Je souhaite que le Festival devienne annuel"
MOHAMED MEDIOUNI, NOUVEAU DIRECTEUR DES JCC, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 28 - 11 - 2012


«Je garantis le maintien à niveau de l'événement»
Homme de culture et cinéphile, celui qui a remplacé Dora Bouchoucha à la tête des JCC évoque avec nous les difficultés rencontrées cette année et les vicissitudes auxquelles son équipe a dû faire face et les perspectives d'avenir pour ce Festival, le plus ancien dans les pays arabes et en Afrique.
L'Expression: Qu'est-ce que cela fait d'être le nouveau directeur des JCC?
Mohamed Mediouni: Etre directeur des JCC cette année est une responsabilité, un devoir. C'est la première session après la révolution. Le changement, le peuple algérien l'a opéré. On vit dans une période de transition mais d'espoir aussi. Transition veut dire qu'on est moins sûr des choses. Il y a une attitude d'attente. De doute, mais il y a aussi une attitude d'espoir et moi je situe le fait que je sois directeur de cette session-là dans cette voie-là et surtout je la situe au niveau du devoir et de l'espoir de voir perpétuer la présence de ce Festival qui date de 1966, qui fait de lui le plus vieux du continent des pays arabes, qui a aussi son histoire, sa crédibilité et dont les cinéastes, les cinéphiles et les critiques attendent beaucoup de choses.
L'organisation du festival paraît-il, ne s'est faite que tardivement. Vous-même vous avez été mis à la tête du Festival il y a deux mois.
Non pas deux mois. J'ai été nommé à la tête des JCC, fin mai. Je pense que les associations de cinéma et les professionnels ont sollicité ma présence parce que je suis un cinéphile, universitaire de théâtre. J'ai dirigé l'institut supérieur d'art dramatique pendant deux mandats, mais je suis un cinéphile avant tout. J'ai présidé la Fédération tunisienne des ciné-clubs pendant une dizaine d'années, créé au sein de la Fédération, un festival parmi les premiers spécialisés dans le court métrage de fiction. Voila. Je suis donc du côté du cinéma. J'ai fait partie de nombreuses commissions de lecture etc. j'ai été sollicité vers le mois de mai. Je sais que c'est une aventure, que ce n'est pas gagné d'avance, qu'il y a énormément de travail, que pas mal de gens à qui j'ai demandé de travailler avec nous, ont hésité parce qu'ils tiennent à leur prestige, ils ne veulent pas prendre de risques. Mais moi, j'ai pris ça au niveau du devoir, je n'ai pas peur de ce genre de défi et je pense que nous l'avons relevé, je l'espère du moins. Tunis a fêté le cinéma. Vous avez vu la grande affluence du public, la programmation très variée est ancrée dans la spécificité des JCC à laquelle j'ai, avec le comité directeur, donné une importance primordiale.
Le programme est effectivement très riche, vous donnez la part belle aux jeunes artistes tunisiens avec leurs films post-révolution. Comment avez-vous établi ce programme et quels ont été les critères de sélection?
Vous savez, pour le Festival, il y a deux instances. Le comité directeur et puis il y a le comité d'organisation. Au niveau du premier qui est formé, il y a des associations, des syndicats et le ministère de la Culture, aussi avec qui on a arrêté les grandes lignes du festival lesquelles sont: revenir aux principes fondateurs des JCC qui se résument en deux points essentiels avec leurs différentes dimensions. Le premier point c'est cette dimension arabo-africaine et ne pas être tenté par le gigantisme des festivals dits internationaux, genre Cannes, Berlin où ce sont des majors qui les gèrent, de toute façon on n'en serait que de pâles copies. On préfère inscrire la programmation du festival dans ce qu'on appelle l'alternatif. Le second point est en relation avec ce qui s'est passé en Tunisie et dans beaucoup de pays arabes, c'est la jeunesse. Celle-ci cadre avec la révolution technologique, numérique. Je pense que dans la production cinématographique aujourd'hui, l'image a énormément changé. On peut disposer d'une caméra, filmer, monter chez soi. On n'a pas à passer par des labos comme c'était le cas jadis. D'autant plus que la production est réellement riche et fertile, on a vu avec le comité directeur qu'on ne pouvait pas négliger ça. A part cela, il y a évidemment les sections dites classiques ordinaires qui sont la compétition officielle, les cinémas du monde et les hommages qu'on donne. On a créé une section qu'on a appelée «Ecran d'avenir». C'est une section à part qui s'intègre au niveau des principes que gèrent les JCC, mais n'entre pas en compétition. Ce ne sont pas des films amateurs. Il y a eu un choix fait par un groupe de jeunes cinéphiles tunisiens qui, en concertation, ont décidé de ramener ces jeunes avec leurs films, présenter le processus qui a été derrière leurs films, en discuter ensemble avec le public et organiser un forum qui, à la fin, poserait la question: comment peut-on être un cinéaste indépendant? Il y a eu aussi des réseaux de diffusion, de distribution et productions qui sont un peu alternatifs et hors des circuits traditionnels. Je pense que les JCC doivent jouer leur rôle dans ce sens. Vous voyez, ces deux principes avec leur application concrète au niveau de la programmation.
Quelles ont été les difficultés rencontrées cette année?
Les difficultés étaient de deux types. Le premier est l'aspect matériel, vu l'état économique de la Tunisie, le deuxième est le manque de conscience et de lucidité de la part des instituions qui ont de l'argent. Je dirais qu'il y a eu des occasions manquées. Soutenir, ne veut pas dire trouver son camp, car notre festival leur donne de la visibilité. Dommage qu'on n'ait pas eu le feed-back qu'il faut..
Comment expliquez-vous justement que certains sponsors n'aient pas répondu favorablement cette année, contrairement aux éditions précédentes?
C'est une question. Tunisie Télécom n'a pas répondu. C'est quand même assez problématique. Moi-même, j'ai mes propres explications. Ça va de l'inconscience jusqu'au sabotage.
Sabotage de la part de qui?
Je ne sais pas. Nous passons par une période très difficile et délicate. Il y a des forces qui ne sont peut-être pas d'accord. Je ne peux pas affirmer tout. Je me pose moi aussi des questions. Si on n'aide pas et on n'assure pas le sponsoring, c'est que le succès des JCC ne les intéresse pas ou l'insuccès les intéresse. De toute façon, ce n'est pas juste et cela ne devrait pas aller avec les vraies enjeux de la Tunisie d'aujourd'hui, la Tunisie de toujours, c'est-à-dire ouverte sur la modernité, les arts, le cinéma, la diversité, la pluralité etc. C'est au début du XXe siècle que les Tunisiens ont construit cela. Si on n'arrive pas à saisir cet enjeu là et mesurer l'importance de réussir, sinon à aller plus loin ou au moins garder les acquis de ce qui devrait être la Tunisie, je dirais que c'est quand même assez compliqué. Deuxièmement, c'est inhérent au rapport entre l'administration et le festival. Ce dernier est dirigé au niveau matériel, subventionné par l'Etat, le ministère de la Culture. Moi, je suis universitaire et indépendant. Je suis un homme de culture. Je ne fais pas partie de l'administration du ministère de la Culture. Cela a été toujours ainsi. Une sorte d'équation, d'équilibre qui a été faite et qui indique une volonté de permettre aux JCC d'avoir une certaine indépendance pour choisir, mais en même temps, si le matériel est entre les mains du ministère de la Culture, cela devient un peu tronqué... on est obligé de suivre un peu les procédures administratives qui ne peuvent pas être à la vitesse ou synchronisées avec la vitesse de choix des décisions qui concernent le festival. C'est un problème inhérent aux JCC de façon général, qui est toujours posé. On avance petit à petit. Mais je pense que les JCC finiraient par avoir leur autonomie institutionnelle, tout en gardant, bien évidemment, les subventions de l'Etat.
Comment expliquer le fait que le festival soit émaillé cette année de pas mal de problèmes technique récurrents et d'autres d'ordre organisationnel? Ne faudrait- il pas que le matériel revienne aux mains des professionnels du cinéma?
Les problèmes techniques ne sont pas propres à cette cession. Cela devient de plus en plus urgent d'y remédier, car le cinéma ce n'est plus le 35 mm, ce ne sont plus les bobines seulement. Il y a une situation paradoxale. Les supports et formats dépassent les dix, donc une dizaine de matériels. On a eu treize salles avec quatre projections par jour. Et on a eu 240 titres de films au programme. Cette intensité révèle les limites et la défaillance de l'infrastructure du cinéma en Tunisie. Tous on sait que dans beaucoup de pays des salles de cinéma souffrent, ferment, mais en plus, les salles qui existent ne répondent pas toujours aux normes internationales, à la diversité des supports. Le DCP, le digital cinéma pacquage qui est maintenant commandé de loin, il s'agit de quelque chose de numérisé dont on devrait avoir les codes et le code doit aller avec le bon appareil, finalement c'est assez compliqué et précis. Et il se fait parfois que des producteurs et des réalisateurs annoncent un format et ramènent un autre format et parfois on n'a pas le bon DCP. Parfois, même, on trouve des conflits entre le producteur et le réalisateur tunisien.. tout cela a créé quelques difficultés qu'on a essayé de gérer et je pense qu'on est arrivé à assurer toutes les projections et tous les titres annoncés à part un ou deux. Les JCC ont contribué à améliorer les salles, car on a posé ces questions au ministère qui a fait un effort. Avant, il n'y avait aucun ou seulement un appareil DCP. Aujourd'hui, le festival dispose de trois appareils en DCP et je crois même un quatrième, chose extraordinaire par rapport à ce qui était le cas avant. Le Colysée qui est une salle prestigieuse, mais en délabrement, le fait qu'elle fasse l'ouverture et la clôture, j'ai émis la condition au niveau du ministère pour qu'on fasse un effort. On a gagné au moins trois ou quatre salles performantes.
Dernière question. Quelles sont vos perspectives d'avenir pour les JCC?
Premièrement, qu'il devienne annuel, qu'il y ait un comité restreint, du reste qui entame la préparation de la session prochaine, juste, le lendemain de la clôture, c'est cela qui garderait aux JCC leur prestige, leur crédibilité, qui faciliterait énormément les choses pour les gens qui préparent le festival. Une rupture de deux ans, c'est trop. En 1966, il y avait peu de festivals, maintenant il en existe une dizaine. Comme il y a une rupture, le directeur sera amené à reprendre quasiment tout à zero, alors que s'il était annuel, cela assurerait la continuité du travail, sans interruption. Aussi, les difficultés seront multipliées par dix, s'il y a une rupture. Sans la rupture, on est déjà sur la lancée, les réseaux etc. Voila ce que je souhaite pour le festival. Aussi, de garantir le maintien du festival à son niveau, évidemment avec cette indépendance dont on a parlé, c'est-à-dire avec une autonomie vraie.


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