Le président palestinien, Mahmoud Abbas, annonçant à partir de la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU son intention de demander l'admission de son pays Il fallut 65 ans pour voir appliquer, en partie, la résolution 181 II du Conseil de sécurité de l'ONU partageant la Palestine historique entre deux Etats (arabe et juif) par la reconnaissance par les Nations unies de l'Etat palestinien. L'Assemblée générale de l'ONU se prononcera aujourd'hui ou demain sur l'admission de la Palestine comme Etat observateur, non membre des Nations unies. Selon les observateurs et analystes, la majorité nécessaire, si ce n'est la majorité absolue, est d'ores et déjà acquise aux Palestiniens. Depuis l'annonce, le 26 septembre 2011, devant l'Assemblée générale de l'ONU, de l'intention des Palestiniens de déposer une demande d'admission à l'ONU, Israël et les Etats-Unis ont tenté d'isoler les Palestiniens en faisant notamment pression sur les pays - ils sont, la majorité, décidés à voter cette admission - pour les dissuader de soutenir cette demande, que sur les Palestiniens pour les contraindre à renoncer à faire admettre leur pays à l'ONU. Cette bataille, commencée en fait en 2010 connaîtra donc son issue aujourd'hui ou demain. Mais le résultat est déjà assuré au regard du nombre de pays important - singulièrement occidentaux et/ou membres de l'Union européenne - qui ont fait savoir hier qu'ils voteront «oui» à la Palestine. Sans surprise en fait, seuls, jusqu'à hier, Israël, les Etats-Unis et l'Allemagne ont affirmé qu'ils voteront contre l'admission de la Palestine. Parmi les grandes puissances, la France a indiqué mardi, par son chef de la diplomatie qu'elle votera pour la Palestine, rejointe plus tard par l'Espagne autre poids lourd de l'UE, la Norvège, le Danemark, la Suisse ou la Turquie. Pour sa part, Londres maintient le suspense, mais si la Grande-Bretagne ne votera pas «oui» elle ne votera pas «non» non plus et sans doute s'abstiendra. C'est du moins ce qui ressort de la déclaration du chef de la diplomatie britannique, William Hague, qui a indiqué, hier, que Londres «s'abstiendrait si ses conditions n'étaient pas remplies notamment par le retour immédiat des Palestiniens à la table des négociations». Notons que la France qui votera pour l'admission de la Palestine avait longtemps hésité, en fait surtout du fait de l'indécision du président Français Hollande qui n'était pas un chaud partisan d'une telle admission contrairement à son chef de la diplomatie, Laurent Fabius, qui, restant dans la ligne défendue en politique étrangère par la France depuis De Gaulle, soulignait la nécessité de l'existence d'un Etat palestinien. Il reste le fait que c'est surtout les Etats-Unis - la position d'Israël allait de soi - qui auront multiplié les pressions pour dissuader les Palestiniens à accomplir leur intention de faire admettre leur pays à l'ONU. Des responsables palestiniens affirment qu'ils ont subi d'énormes pressions pour renoncer à leur droit d'utiliser les juridictions internationales contre Israël une fois qu'ils auront obtenu le statut d'Etat observateur à l'ONU. En fait c'est surtout cela qui fait peur aux dirigeants israéliens, d'avoir face à eux un Etat qui peut les ester devant les instances judiciaires internationales telles que la CPI, notamment. Ce que ne pouvait faire l'OLP, simple «entité» observatrice à l'ONU. Dès lors, la réhabilitation de l'Etat palestinien constituera un tournant dans le dossier israélo-palestinien. Israël, mal conseillé par son mentor américain, aura en fait raté un moment historique, celui de remettre les choses à l'endroit et de repartir du bon pied pour des pourparlers plus francs s'adossant au droit international dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité. Aussi, moins de dix pays, en sus d'Israël, des Etats-Unis et de l'Allemagne, voteront contre l'admission de la Palestine. Pour les Palestiniens, c'est là une victoire diplomatique incontestable.