A l'instar de la France, les grands pays européens - à l'exception de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne qui jusqu'à hier ne se sont pas encore prononcés sur leur choix - iraient dans le sens des Palestiniens. La France a annoncé mardi qu'elle votera finalement en faveur de l'octroi d'un nouveau statut rehaussé à l'ONU pour les Palestiniens, celui d'«Etat observateur non-membre», après avoir marqué ces dernières semaines des hésitations sur sa position. A deux jours du vote devant l'Assemblée générale de l'ONU, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, l'a justifié devant les députés français: «Ce vote, nous allons le faire avec cohérence et lucidité. Vous savez que depuis des années et des années, la position constante de la France a été de reconnaître l'Etat palestinien. C'est la raison pour laquelle jeudi ou vendredi prochain, quand la question sera posée, la France répondra oui». Sans surprise, Washington a exprimé son «désaccord» avec la position de la France. «Nous sommes opposés à toute prise de position à l'Assemblée générale qui de notre point de vue rendrait la situation encore plus compliquée», a déclaré, à des journalistes, la porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland. La représentation palestinienne à l'ONU, simple «entité observatrice», a diffusé lundi un projet de résolution donnant à la Palestine un nouveau statut qui lui ouvrira notamment l'adhésion à la Cour pénale internationale (CPI). L'adoption du texte paraît acquise, en raison du soutien d'une majorité des 193 Etats membres de l'ONU. Restait à savoir si les grands pays européens iraient dans le sens des Palestiniens ou des Etats-Unis et Israël, fermement opposés à cette évolution. En France, la question a fait débat au plus haut sommet de l'Etat. A la mi-novembre, le président François Hollande avait critiqué la démarche palestinienne, en mettant en avant les «risques» de mesures de rétorsion américaines et la crainte que la demande palestinienne ne favorise pas l'ouverture de négociations directes entre Palestiniens et Israéliens. Les derniers pourparlers directs ont eu lieu en septembre 2010. La semaine dernière, Laurent Fabius s'était exprimé en faveur du «oui» français, en rappelant le vote favorable, sous la présidence de Nicolas Sarkozy (droite), à l'entrée de la Palestine à l'Unesco en octobre 2011, et l'engagement électoral de François Hollande d'obtenir une reconnaissance internationale de l'Etat palestinien. La presse française a fait état de divergences entre la présidence et les Affaires étrangères. Alors que l'Elysée aurait penché pour l'abstention, le Quai d'Orsay aurait fait valoir que cette position risquait d'affaiblir le président palestinien Mahmoud Abbas face au mouvement islamiste, Hamas. Parmi les 27 pays de l'Union européenne, l'Autriche a annoncé qu'elle voterait en faveur du projet palestinien, en regrettant l'absence de position commune de l'UE. Selon la diplomatie autrichienne, plus de la moitié des «27» devrait se prononcer en faveur du texte palestinien. Un ou deux pays s'y opposeraient - Allemagne et Pays-Bas, selon un diplomate français - et le reste s'abstiendrait. Londres a indiqué qu'elle n'avait pas encore arrêté sa position. La Turquie, la Suisse, l'Espagne et le Danemark ont fait savoir, en revanche, qu'ils soutiendront la proposition des Palestiniens.